À Berlin, les clients d’un supermarché Metro peuvent se servir eux-mêmes en légumes frais dans une serre intégrée au magasin. La start-up à l’origine de ce projet entend “court-circuiter les chaînes de production”.
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Et si, demain, les supermarchés intégraient des potagers, dans lesquels les légumes et herbes frais étaient directement récoltés par les clients ? C’est le concept novateur mis au point par la start-up allemande Infarm, qui a lancé la première serre verticale d’Europe intégrée à une grande surface.
Basée à Berlin, l’entreprise a remporté, mi-mars, l’un des cinq prix de la dixième édition du prestigieux concours d’innovation allemand Vision Award, qui récompense chaque année “les idées novatrices et audacieuses” de jeunes entreprises.
Les ingénieurs d’Infarm ont déjà plusieurs fermes verticales urbaines à leur actif. “Nous sommes les nouveaux fermiers et la ville est votre ferme”, clame l’entreprise depuis bientôt deux ans, à l’adresse des citadins en mal de jardin, de produits frais et locaux. Une conviction que les trois fondateurs de la start-up, les frères Guy Galonska et Osnat Erez, ainsi que la compagne de ce dernier, Galonska Michaeli, partagent depuis leur déménagement de Tel Aviv à Berlin, en 2012.
Alors persuadés que les habitants de la capitale allemande sont “plus détendus et plus ouverts aux expériences qu’ailleurs”, ils s’y installent avec un projet pour le moins ambitieux : leur permettre de devenir autosuffisants alimentaires.
Pour ce faire, ils commencent par investir une cour intérieure dans le quartier de Kreuzberg et se mettent à y cultiver des jeunes pousses. En 2014, leur start-up naît, grâce à l’aide d’investisseurs et de subventions de l’Union européenne.
La même année, après une campagne de crowdfunding à succès, ils lancent leur premier produit sur le marché : une serre miniature pour les particuliers, qui peuvent ainsi, à l’aide d’un kit composé d’une feuille transparente, de poudre d’agar-agar (à base d’algues) et de graines biologiques, faire pousser des “mini légumes” pour agrémenter leurs plats. En parallèle, la start-up conçoit, construit et vend des fermes verticales à des restaurants, hôtels et marques internationales.
Mais en octobre 2015, les douze salariés que compte désormais la start-up décident d’aller plus loin. Infarm s’associe à la chaîne de supermarchés Metro et installe la première mini-ferme verticale à l’intérieur de l’une de ses grandes surfaces du quartier de Friedrichshain.
Conçue pour occuper moins de surface au sol qu’un rayon standard, l’installation ne s’étend que sur 5 m2. À l’intérieur s’empilent des pots de légumes, mais aussi d’herbes. Le tout est cultivé en hydroponie sur une mince couche d’eau et enrichi d’engrais naturels et d’oxygène.
Pour imiter la lumière du soleil tout en économisant de l’énergie, les plantes sont éclairées par des lumières LED. De plus, des microcapteurs permettent aux ingénieurs de mesurer et de suivre le rendement des jeunes pousses. L’objectif : fournir les conditions idéales de développement à toute cette verdure. Un processus qui implique enfin les employés du magasin, chargés de surveiller la vie intra-serre grâce à une application.
Quant aux clients, ils peuvent se servir dans les pots de légumes qui poussent sous leurs yeux en “arrachant leurs feuilles quand ils le veulent”, explique Shani Leidermann, chargée de projet au sein de la start-up. Le tout pour la (modique) somme de 1,38 euros pour un “mix de salade” et 2,66 euros pour “des pousses de basilic”.
“Avec notre produit, nous court-circuitons la chaîne de distribution : plus d’import, donc plus de transports et d’émissions polluantes de CO2, plus d’intermédiaires, et plus de gâchis alimentaire à la fin. Et en sus, zéro pesticides et 90 % d’économies d’eau. Avec cette nouvelle approche, nous comptons révolutionner tout le secteur agroalimentaire et rendre les villes autosuffisantes en termes de production”, précise Shani Leidermann.
“Nous sommes persuadés que notre système alimentaire doit être décentralisé et se rapprocher du client, autant pour des raisons environnementales que pour la qualité et la sécurité de notre alimentation”, confirme le fondateur et CEO Erez Galonska, qui compte installer ses mini-serres dans plusieurs supermarchés allemands à l’issue du projet pilote, fin octobre 2016. Avant d’exporter ses mini-serres “aux quatre coins du globe”.