Une étude des réseaux pour la transition énergétique (CLER), Action climat (RAC) et Energy Cities, rendue publique ce 26 septembre à Nantes à l’occasion du forum Climate Chance, analyse le cas de plusieurs villes européennes et françaises qui visent les 100% d’énergies renouvelables en 2050. Le rapport en tire les pistes principales à suivre pour s’acheminer vers cet objectif.
Barcelone, Francfort, Frederikshavn (Danemark), Genève ou Malmö (Suède) ont au moins un point en commun : des plans visant un objectif de 100% d’énergies renouvelables à l’horizon 2050, voire 2030 pour le Grand Frederikshavn.
Des villes en retard sur les territoires ruraux
Sans être nécessairement aussi ambitieuses, plusieurs villes françaises ont mis au point des stratégies similaires. C’est à partir des analyses de cas de ces championnes européennes et d’entretiens menés avec les municipalités de Bordeaux, Nantes, Saint-Etienne ou Grenoble, que les auteurs de l’étude ont identifié plusieurs facteurs clés de succès.
Généralement moins avancées sur la thématique que les territoires plus ruraux, dont 400 sont, en France, labellisés « territoires à énergie positive », les villes n’en représentent pas moins près de 70% de la consommation d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre. Elles sont en outre particulièrement exposées aux risques de montée des eaux et de canicule qui pourraient se multiplier sous l’effet du changement climatique.
Priorité à l’efficacité énergétique
Si les feuilles de route élaborées par ces villes pour atteindre leur objectif varient selon les ressources disponibles, les usages énergétiques les plus répandus et les acteurs en présence, elles partagent toutes des motivations communes de nature socio-économique : réduction de la facture énergétique, meilleure indépendance et baisse de la précarité, création d’emplois, qualité de vie, etc.
Par ailleurs, indépendamment des ressources utilisées dans leur mix énergétique, la réduction de leur consommation représente un pilier essentiel de leur stratégie 100% renouvelables, jusqu’à 50% de l’effort à consentir. Autre point commun : le manque de ressources suffisantes disponibles intra muros et donc la nécessité de faire appel aux territoires ruraux alentours. A condition toutefois que la production de ces derniers soit suffisante pour les approvisionner en priorité, et que les villes leur apportent financement et expertise technique en échange de leurs ressources énergétiques. Les régions sont naturellement bien positionnées pour animer ces échanges entre villes et territoires ruraux. Des contrats de réciprocité sont actuellement testés à Brest métropole et dans le pays du Centre-ouest Bretagne.
Transversalité et implication citoyenne
Mais, pour mettre toutes les chances de son côté et atteindre son objectif, les maîtres-mots semblent être coopération et implication. Coopération entre les différents services de la ville, entre des startups et des grands groupes, entre des entreprises de différents secteurs, entre acteurs publics et privés… Nul projet de ville durable ne peut se concevoir en raisonnant en silos. Par ailleurs, l’implication des citoyens, ceux des villes comme ceux des campagnes alentours, est indispensable pour garantir l’acceptabilité des solutions et éviter l’effet Nimby (not in my backyard). La montée en puissance des énergies renouvelables va modifier non seulement leur mix énergétique mais aussi leur façon de se déplacer et plus globalement, leurs modes de consommation. Les nouvelles technologies de communication favorisent justement l’information vers les citoyens tout en leur donnant la possibilité de s’exprimer et de poser des questions. Les consultations publiques sont vivement recommandées pour s’assurer leur adhésion. En permettant la création de communautés, les réseaux sociaux peuvent également participer de cet effet d’entraînement de la population.
Gare aux solutions 100% technologiques
La constitution de comités de suivi et l’évaluation dans la durée des progrès réalisés sont également prévues par les candidates aux 100% renouvelables.
Côté financement, les solutions de tiers-financement sont plébiscitées, tout comme la finance participative. Les revenus des énergies renouvelables peuvent contribuer à financer des travaux de rénovation énergétique, et autoriser des transferts financiers entre villes et territoires ruraux, notamment via la fiscalité.
Pour autant, si le numérique autorise des progrès significatifs en matière de gestion d’énergie et de flux de mobilité, les auteurs de l’étude mettent en garde contre la tentation de solutions exclusivement technologiques vouées à l’échec. Ils préconisent au contraire le dialogue, le décloisonnement, l’expérimentation, la créativité… indispensables à la vision partagée d’un avenir 100% renouvelables.