Marre des lotissements traditionnels ? A Hédé-Bazouges, près de Rennes, la municipalité a opté pour un lotissement écolo d’un nouveau genre. Sorti de terre il y a plus de dix ans, le projet est aujourd’hui une réussite totale qui attire des curieux avides d’inspiration. 60 % d’économies de chauffage, éclairage des rues 90 % moins cher qu’ailleurs et 78 % de déchets en moins que la moyenne nationale. Bienvenue aux Courtils.
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Nous sommes en 2016 après Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par des lotissements similaires… Toutes? Non! Un petit village d’irréductibles Bretons résiste encore et toujours à la normalité. Ce village, c’est Hédé-Bazouges, au nord de Rennes. Il y a un peu plus de 10 ans, Jean-Christophe Bénis et son équipe municipale créait l’un des tous premiers lotissements écolo de France. Une décennie plus tard, le quartier des Courtils est devenu un exemple d’aménagement que beaucoup de collectivités voisines envient.
Les rues de 6 mètres de large blindées de voitures garées sur les trottoirs ? Très peu pour eux ! Monsieur le maire et sa team voulaient de l’original et ont alors confié l’aménagement du territoire à un grand spécialiste de l’urbanisme en la personne de Bernard Menguy. Si Bernard n’a pas eu d’autre choix que de construire une route, il a pris le soin de la border de verdures et d’en faire l’endroit parfait pour apprendre aux marmots à faire du vélo sans roulettes. Les voitures, elles, sont dans les garages ou sur des petits parkings aménagés pour les visiteurs.
Les lotissements traditionnels, nous, on trouve ça moche. On dirait du copier-coller d’une ville sur l’autre. Ça ne s’intègre pas du tout avec le patrimoine existant. On ne voulait pas de ça
Autour de cette petite route à sens unique faisant le tour du lotissement, 32 logements sont sortis de terre dont une bonne partie produite en autoconstruction. Au programme : garages en bois, murs d’élévation en parpaings interdits, cuve de récupération des eaux de pluies de 7 000 litres, et panneau solaire pour l’eau chaude sanitaire.
L’exemple le plus parfait est celui de Françoise et Hubert. Fiers de leurs soixantaine florissante, les deux tourtereaux ont bâti leur maison via une ossature en bois et des murs de paille. Une construction audacieuse que le couple a poussé jusqu’à installer un système de filtrage pour réutiliser l’eau de pluie.
Mais n’allez pas croire que le quartier rassemble une tribu de hippies végétariens aux tendances amishs. La communauté s’assemble autour des valeurs de l’écologie, de la vie de voisinage et des économies. Rien de plus. “C’est une petite oasis ici, un vrai paradis. Dans mes précédents logements, je n’avais jamais rencontré mes voisins“, raconte l’un des habitants.
Des résultats qui forcent le respect
10 ans plus tard et après avoir obtenu le label d’écoquartier (glorifiant une quarantaine de projets en France), la municipalité a décidé de faire le bilan. Calmement. Mais les résultats poussent à l’euphorie : les habitants ont réalisé une moyenne de 60 % d’économies de chauffage par rapport à la tendance régionale.
Et ça ne s’arrête pas là. Dans la rue sillonnant les habitations, l’éclairage est 90 % moins cher que dans un lotissement traditionnel. Chaque riverains produit un maximum de 35 kilos de déchet par an contre 161 kg en Bretagne et 240 en France. Un bilan bluffant que rend incrédule l’instigateur du projet en personne. “Ce quartier interroge par sa simplicité. On n’a rien fait de révolutionnaire ici. On a juste décidé d’opter pour un aménagement pensé et réfléchi“. Une réflexion manifestement fructueuse.