Plateau Urbain rends fécondes les périodes d’abandon des bâtiments en mettant à disposition d’entrepreneurs, d’artistes ou d’associations, des locaux vacants à prix réduits.
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L’étape entre la mise en vente d’un espace et le début du nouveau chantier est rarement exploitée. Pour profiter de cette jachère immobilière – parfois longue, Plateau Urbain endosse le rôle d’agence immobilière et met en relation propriétaires et porteurs de projets. Depuis 2013, le collectif d’urbanistes a accompagné une quinzaine de projets. Ils ont par exemple permis à une quinzaine d’artistes de réinvestir une salle de sport grâce au projet Machines Urbaines. Ce sont eux aussi qui ont donné vie aux célèbres Grands Voisins. Installé entre les murs d’un ancien hôpital parisien, cet espace temporaire est devenu un paradigme de ville miniaturisée. Sur 15 000m2, se mêlent associations, start-ups, artistes, un centre social et même un camping l’été !
Des entremetteurs rassurants
L’association facilite les relations entre deux mondes qui n’auraient jamais collaborés mais qui on tout à y gagner L’occupation temporaire de leurs bâtiments permet aux propriétaires de s’épargner les frais de gardiennage (le coût d’un maître-chien à temps complet s’estime à 15 000€ par mois) et de prévenir la dégradation de leurs locaux, par manque de chauffage ou d’entretien. « Ils ne gagnent pas d’argent, mais cessent d’en perdre. Ils sont aussi sensibles au résultat, à la fonction laboratoire de l’occupation » explique Jean-Baptiste Roussat, secrétaire général et responsable de la communication de Plateau Urbain.
Pour les aspirants locataires, la procédure est simple : il suffit d’avoir une structure en création pour candidater à un appel à résidence sur la plateforme de l’association. L’accès à un local bon marché constitue un bénéfice évident pour de jeunes structures : l’argent économisé peut alors être investi dans le développement de leurs projets, qu’ils soient artistiques, entrepreneuriaux ou associatifs.
Encourager la mixité
La diversité des publics est une des caractéristiques des projets accompagnés par Plateau Urbain. « Rien ne nous empêche de créer des colocations entre un maroquinier, un concepteur de hot dogs et un architecte » s’amuse Jean-Baptiste Roussat. Ce trait saillant tient à leur volonté de décloisonner les univers. C’est le cas par exemple des Petites Serres, une ancienne usine nichée dans le Vème arrondissement et qui compte parmi ses nouveaux occupants artistes, start-ups mais également douze personnes en attente d’un logement social prises en charge par l’association Aurore (partenaire historique de Plateau Urbain).
La force de l’éphémère
« La temporalité courte sur laquelle on travaille, créé une urgence dans le bon sens du terme. Lorsque l’on nous accorde des baux d’un an, on ne peut pas se permettre de perdre six mois à intégrer les locataires » explique Jean-Baptiste Roussat. Le record à battre? Quatre semaines entre l’établissement du bail et l’entrée dans les lieux. Et c’est aussi vrai pour les colocataires, qui apprennent à se connaître plus rapidement grâce à leur présence à durée déterminée.
La suite ? Continuer de développer des outils juridiques et financiers adaptés à cette nouvelle forme d’habitation, les partager et les expérimenter sur d’autres formes de vacances (logements neufs, bureaux standardisés…) de sorte qu’à terme, l’occupation temporaire puisse devenir une étape habituelle dans le parcours immobilier des structures.