Longtemps meurtrie par la violence, Medellín, deuxième ville de Colombie, a entamé depuis 12 ans une profonde mutation principalement axée autour d’une nouvelle gouvernance, de la lutte contre les inégalités sociales et de nouveaux aménagements urbains avec des parcs permettant de mieux relier les différentes populations de la ville.
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Une municipalité engagée
La deuxième ville de Colombie, avec 3,5 millions d’habitants, s’implante dans la vallée de l’Aburrá, de part et d’autre du fleuve dont elle porte le nom, sur 17 kilomètres de long. Ville industrielle, elle en a longtemps maltraité les rives jusqu’à les doubler d’une autoroute nationale, achevant de couper la ville en deux. Alors que la ville-centre occupe la vallée, les collines se sont urbanisées de manière informelle au gré des arrivées de réfugiés fuyant les conflits armés intérieurs ; ils représentent 40 % des Paisas. Depuis une dizaine d’années, la municipalité mène une politique active d’urbanisme social. Elle édifie des équipements de proximité dans des quartiers pauvres, met en place des aides en faveur de ces populations, promeut des transports publics afin de désenclaver les différents quartiers.
PARQUE DEL RÍO: réinvestir le fleuve, créer de l’urbanité
Lancée dans cette dynamique de reconquête et d’apaisement de son territoire, la ville s’est engagée dans un projet pharaonique d’aménagement des rives du fleuve sur 423 hectares avec la couverture d’une partie de l’autoroute. La jeune agence d’architecture et d’urbanisme Latitud qui a gagné le concours en 2013, transforme la rivière en structure écologique avec un jardin botanique qui filtre l’eau, la canalisation des 52 ruisseaux qui s’y déversent, des espaces de déambulation et de repos pour piétons et cyclistes mais aussi des ponts pour faire le lien entre les quartiers. Au-delà du lien physique, il s’agit de tisser des connexions sociales et économiques entre des populations qui s’ignorent et se craignent. Le parc principal de plus d’un hectare et la couverture d’une partie de l’autoroute sont actuellement en cours d’achèvement. La régénération urbaine de la rivière Medellín va continuer.
Agriculture urbaine, identité et lien social
Dans les quartiers informels de la ville, des communautés se forment et s’organisent au fur et à mesure qu’elles grossissent. Elles participent activement à la construction du territoire qu’elles occupent. L’un des défis majeurs pour ces desplazados est d’accéder à la sécurité alimentaire. L’agriculture urbaine offre une solution d’appoint dans des quartiers peu denses comme celui de la comuna 8, perché sur une colline, dans la zone centre-est de Medellín.
Ses habitants, venant pour la plupart de régions rurales, ont créé un potager. Outre l’apport essentiel qu’il constitue en fruits et légumes, il est d’autant plus important qu’il permet aux habitants de pratiquer leurs savoir-faire et de se rattacher à leur histoire.
La municipalité a accompagné ce travail par des aménagements paysagers et la réalisation d’espaces publics : des sentes, aires de repos et étagements qui stabilisent ces terrains pentus. Certains y voient une manière de mieux contrôler et contenir le développement urbain.