Un rapport recommande au Royaume-Uni de développer sa propre politique pour remplacer le paquet européen sur l’économie circulaire, faute de quoi les entreprises britanniques pourraient subir un manque-à-gagner de plusieurs milliards d’euros.
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Le Royaume-Uni doit se doter de règles favorisant l’économie circulaire, s’il ne veut pas laisser échapper les bénéfices économiques qui doivent découler de nouvelles réglementations européennes en cours d’adoption.
Cette recommandation a été faite le 23 janvier par le groupe Aldersgate, une alliance de chefs d’entreprise, de responsables politiques et de leaders de la société civile, qui œuvre pour une économie durable. Elle a analysé 26 projets d’entreprise pilote au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.
Modèles d’entreprises économes
En se basant sur cette recherche, Aldersgate estime que l’adoption de modèles d’entreprise économes en ressources dans des secteurs comme celui des produits électriques, des textiles, de la construction et des TIC, pourrait entraîner d’ici à 2030 une hausse de 324 milliards d’euros de la valeur ajoutée brute (VAB) de l’économie européenne.
Sur cette hausse, le Royaume-Uni à lui seul pourrait accroitre sa VAB de 88,4 milliards d’euros. Mais la sortie programmée du pays pourrait le tenir à l’écart des bénéfices générés par ce paquet de lois européennes sur les déchets, les emballages, les décharges, la fin de vie des véhicules, les piles et les batteries, et les déchets électroniques.
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« Alors qu’il se prépare à quitter l’UE, le gouvernement devrait développer de manière urgente une politique d’efficacité énergétique », a déclaré Nick Molho, directeur exécutif du groupe Aldersgate.
Le rapport recommande au gouvernement britannique de développer une politique gouvernementale en la matière, de développer des normes pour que les produits vendus au Royaume-Uni produisent un minimum de déchets, de promouvoir une fiscalité encourageant le recyclage et enfin d’améliorer les réglementations en matière de déchets.
Un parcours controversé
La Commission Juncker avait suscité la controverse en retirant le paquet économie circulaire, préparé par l’administration Barroso et en proposant une nouvelle version.
Le nouveau paquet, dévoilé en décembre 2015, inclut des règles d’écoconception pour recycler plus facilement les produits. Il abaisse également les objectifs pour 2030 en matière de recyclage municipal et de déchets d’emballages. Enfin, il remplace un objectif de réduction de 25 % des décharges d’ici à 2025 par un objectif obligatoire de 10 % d’ici à 2030.
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La Commission a été accusée de retarder les politiques nationales sur les déchets et le recyclage en retirant le paquet dans le cadre de sa stratégie du « mieux légiférer ». À ce jour, seuls l’Allemagne, les Pays-Bas et la Flandre ont une stratégie concrète sur l’économie circulaire.
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Le paquet poursuit actuellement son cours dans le processus législatif de l’UE. Les eurodéputés ont adopté le 24 janvier un rapport sur le projet de loi en commission Environnement (Envi), et devront voter en plénière au mois de mars prochain.
Le groupe Aldersgate a également fait des recommandations aux responsables politiques européens, notamment pour changer la définition des déchets et encourager la réutilisation des matériaux :
Selon le rapport, la Commission devrait aider les États membres à introduire des incitatifs fiscaux, tels qu’un taux de TVA variable, pour que les services et produits de l’économie circulaire soient privilégiés face à leurs concurrents.
« L’économie circulaire est un élément important pour moderniser l’économie européenne », a déclaré Jyrki Katainen, vice-président de la Commission en charge de l’emploi, de la croissance, de l’investissement et de la compétitivité. « Si nous voulons orienter l’économie de marché dans une direction plus durable, nous devons montrer qu’il y a des bénéfices à faire derrière cette manière de penser circulaire. »
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