Jardins partagés, balcons fournis de plantes aromatiques, engouement pour les produits vendus directement par les producteurs… Ce qui est perçu comme un phénomène de mode est sans doute bien plus que cela. Le marseillais Abricotoît et la monégasque Terres de Monaco surfent sur la vague de l’agriculture urbaine.
vu sur :
Le boom des jardins partagés, l’intérêt pour l’économie circulaire, le recours aux fruits et légumes directement vendus par les producteurs… depuis trois ans, l’agriculture retrouve le chemin des villes. Et dans le Sud, le mouvement est tout aussi fort qu’ailleurs. Selon un article paru dans le journal du CNRS on décompte à Marseille un millier de parcelles où sont cultivés des légumes potagers, le tout sur une trentaine d’hectares. Un renouveau pour les choses de la terre qui est aussi un sujet de création d’entreprises. Ainsi à Marseille, Julien Girardon espère donner vie à ce que l’on appelle la cinquième façade, c’est-à-dire, le toit. Sa petite entreprise – baptisée Abricotoît, vient tout juste d’éclore. La vocation de ce docteur en biologie végétale s’inscrit dans une “volonté de démocratiser l’agriculture urbaine en utilisant des toitures plates. Ainsi les fruits, légumes ou aromates peuvent être redistribués“. La cible d’Abricotoît est vaste : bailleurs sociaux, centres commerciaux, Ehpad, établissements sanitaires, écoles, entreprises…
“L’idée est de créer des espaces de vie là où ce sont parfois des espaces dortoirs. Ces espaces cassent facilement les barrières, culturelles notamment parce que ce sont des espaces homogènes. Ils redonnent notamment une indépendance pour des aliments, facilement cultivable soi-même. C’est une façon aussi de retrouver le goût de certains d’entre eux”, détaille Julien Girardon.
Abricotoît propose de l’aménagement et de l’entretien. Après étude des besoins des utilisateurs, une solution est proposée en fonction de ces derniers.
“Cela peut être de l’accompagnement sur certains gestes ou de l’entretien de A à Z comme pour des restaurateurs qui ne possèdent ni les compétences ni le temps”.
Vue d’en haut
A plus de 200 kilomètres de là, Jessica Sbaraglia prépare elle aussi la naissance de sa Terre de Monaco. Sa petite entreprise verra le jour dans trois mois – délai légal en Principauté après le dépôt officiel des documents de création – et prévoit d’installer sur les toits des entreprises et des bâtiments monégasques, potagers écologiques de fruits et légumes, ruches, poules et panneaux solaires. Avec les cavistes de Monaco elle a convenu d’utiliser leurs caisses en bois pour la livraison de sa production. Pour cette Suissesse, qui vivait enfant autour d’un jardin de 1 000 m2 permettant l’autosuffisance alimentaire, l’agriculture urbaine, c’est presque naturel. Jessica Sbaraglia a même suivi une formation en maraîchage. Son contrat de prestation prévoit l’entretien et des cours de jardinage pour les surfaces inférieures à 100 m2. Pour celle qui mesurent davantage, elle aménage, propose un contrat de location du bac et intéresse le propriétaire à la vente des produits.
Nouvelle révolution agricole
Si le mouvement semble être nouveau, pour Julien Girardon, “la végétalisation en ville a toujours existé. Ne serait-ce qu’avec le Concours des Villes et villages fleuris. C’est la crise a créé ce déclic, nombreux sont ceux qui ne peuvent plus se payer des produits sains et bons. Cela relève de l’économie locale et circulaire qui fait partie des préoccupations actuelles“. Et Julien Girardon d’analyser cet engouement de fond comme rien de moins que la quatrième révolution agricole.
“La première révolution a été l’intégration des machines, la seconde, celle des produits chimiques. La troisième révolution a été provoquée par la génétique et les OGM. Comme il y a eu les mouvements des villageois arrivant en ville, maintenant c’est l’agriculture”.
Une révolution qui “pousse” plutôt bien.