Le palmarès de la ville de Grenoble en dit long sur le dynamisme et l’attractivité de son territoire. En effet, la capitale des Alpes caracole en tête de nombreux classements prestigieux depuis plusieurs années.
- En 2013, le magazine Forbes qualifie Grenoble de 5ème ville la plus innovante du monde.
- En mars 2014, c’est au tour de la commission européenne de la classer, cette fois-ci à la 2ème place des villes européennes de l’innovation.
- En septembre 2014, le magazine L’étudiant maintient Grenoble dans le trio de tête des villes étudiantes où il fait bon vivre et ce depuis trois ans (2nde en 2011 et 2012, 1ère en 2013 et 3ème en 2014).
- En novembre 2014, Grenoble se place au 5ème rang français des villes où il fait bon vivre selon l’Express.
- Enfin, pour couronner le tout, la métropole (Digital Grenoble) à été labellisée French Tech le 12 novembre 2014.
Il faut également souligner une conscience environnementale développée chez les grenoblois qui ont mis un terme à 24 ans de gouvernement socialiste à la mairie, plaçant à sa tête l’écologiste Eric Piolle lors des élections municipales de 2014.
Pour finir, le capital culturel de la ville n’est pas en reste grâce à un riche patrimoine historique, architectural et artistique.
Innovation, recherche, industrie, économie, environnement, culture, le tout à visée internationale… c’est sûr, le territoire grenoblois a tout d’une smart city. Mais jusqu’à quel point ?
1 – Un dynamisme économique sans pareil
Historiquement, la ville de Grenoble compte déjà sur une économie locale très développée grâce à l’implantation depuis plusieurs années d’entreprises multinationales de renom comme Schneider Electrics, Capgémini / Sogeti, STMicroelectronics, Caterpillar, Rossignol, Calor ou encore Teisseire pour ne citer qu’elles.
Mais c’est aussi et avant tout une terre d’investissements et un bassin d’emplois. Quelques exemples simples l’attestent, entre autres :
- L’Agence d’Etudes et de Promotion de l’Isère (AEPI) a accompagné en 2013 21 entreprises ayant choisi d’ouvrir un site en Isère. Parmi les retombées économiques visées : une création de plus de 600 emplois d’ici à 2017.
- Grenoble accueille de grands projets comme GIANT (Grenoble Innovation for Advanced New Technologies) ou encore Nano 2017 (Programme de recherche et développement des nanotechnologies) qui représentent respectivement 1,2 milliards d’euros d’ici à 2015 et 3,5 milliards d’euros d’ici à 2017.
- Enfin l’Isère compte près de 500 établissements à capitaux étrangers.
De fait, malgré une crise qui a touché le territoire national et provoqué une hausse du chômage en France en 2013, le département de l’Isère a quant à lui bien résisté et n’a connu, selon l’AEPI, qu’une augmentation limitée (+0,2%) comparé à la région Rhône-Alpes (+0,6%), si bien que l’Isère compte aujourd’hui environ 500 000 emplois pour 1 million d’habitants.
Du point de vue des start-ups, Grenoble bat également des records dans ce domaine avec presque 11 000 entreprises créées en 2013 (soit environ 17% de la région Rhône Alpes) selon la Chambre de Commerce et d’Industrie de la région, et un réseau d’entreprises bien intégré alliant incubateurs (GRAIN, Start-up week-end, …), espaces de coworking (Col’inn, co-work, …) et associations de professionnels (Grenoble Ecobiz).
Et l’économie numérique dans tout ça ? Ce n’est pas pour rien que la métropole a été une des 9 premières villes de France à être labellisée French Tech. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
2 – Une terre d’expérimentations
En plus d’être une ville extrêmement dynamique économiquement parlant, Grenoble est aussi une ville pionnière en matière d’expérimentations. Ainsi la ville s’est-elle dotée de deux projets très emblématiques tels que le démonstrateur smart grids GreenLys et la très innovante éco-cité Grenoble Presqu’île, l’un allant de pair avec l’autre.
Soucieuse d’inventer le modèle énergétique de demain, la ville de Grenoble, fer de lance du projet, expérimente depuis 2012 le premier vrai réseau électrique intelligent et complètement intégré de l’amont (réseau de distribution) à l’aval (réseau domestique). Parmi l’ensemble des partenaires du projet GreenLys, une majorité reflète le paysage grenoblois : la ville de Grenoble, Gaz Electricité de Grenoble (GEG), Schneider Electrics, l’Institut National Polytechnique de Grenoble (Grenoble INP), l’institut national de l’énergie solaire (CEA) ainsi que le laboratoire CNRS LEPII-EDDEN (Économie de développement durable et de l’énergie).
Prévu pour durer 4 ans (2012 – 2016), le démonstrateur bénéficiera au total de 43 millions d’euros investis et permettra d’apporter un début de réponse à 4 enjeux majeurs de la transition énergétique :
- Un enjeu économique : repenser les modèles économiques (nouvelle tarification des offres), favoriser l’investissement dans les smart grids,
- Un enjeu technologique : imaginer des technologies innovantes de l’information et de la communication et promouvoir ainsi le développement des réseaux intelligents,
- Un enjeu environnemental : augmenter la part des énergies renouvelables dans la production d’énergie, réduire l’utilisation des gaz à effet de serre, piloter sa consommation et son effacement,
- Et un enjeu sociétal : favoriser les gestes éco-citoyens, créer de l’emploi.
Naturellement, la plateforme technologique est déployée sur des quartiers stratégiques de la ville, en particulier, la presqu’île scientifique. Nous en venons maintenant au second projet emblématique de Grenoble.
La Presqu’île ou “polygone scientifique” est un exemple en matière d’Eco-cité, une smart city à l’échelle d’un quartier. Elle bénéficie actuellement d’une superficie de 250 hectares et abrite aujourd’hui tout un écosystème : le campus GIANT (lui-même composé d’instituts d’études et de recherche prestigieux tels que le MINATEC, le Synchrotron, le CEA, Grenoble INP…),Polytec (parc d’activités composé du centre de R&D de Biomérieux et du pôle de compétitivité Tenerrdis), le Palais de Justice, l’Europole (qui regroupe entre autres le centre d’affaires, l’école de commerce GEM, des logements, la Maison de l’Autonomie et du Handicap …), des éco-quartiers comme De Bonneou Bouchayer-Viallet, des zones d’habitation (logements sociaux, résidences étudiantes, accession à la propriété), des bureaux, des centres de sport et de loisirs (centre nautique, gymnase) ou encore, et non des moindre, la ligne B du tramway.
Projet exemplaire et innovant, la Presqu’île bénéficie jusqu’à présent du plus fort investissement public-privé de France (1,3 milliards d’euros en 15 ans).
3 – Des modes de vie écologiques ultra développés
C’est bien connu, Grenoble se situe dans “une cuvette” et est, à ce titre, l’une des villes de France les plus touchées par la pollution. Fort de ce constat, les municipalités successives ont contribué à pied d’oeuvre depuis plusieurs années à favoriser les projets visant à réduire les émissions de CO2.
Marche, vélo, tramway, bus, autopartage, véhicule électrique… Les possibilités de se déplacer au sein de la métropole grenobloise sont donc multiples. Et pour favoriser la mobilité des usages, une application (MétroMobilité) a même été développée afin de permettre aux utilisateurs de visualiser un itinéraire en fonction de modes de transports préalablement choisis et de la quantité de CO2 émise, le tout également accessible pour les personnes à mobilité réduite.
Parmi ces moyens de transports, le réseau de transport en commun le plus emprunté est celui des bus (86 lignes) et du tramway (6 lignes) qui quadrillent de long en large la métropole. Vient ensuite le vélo avec plus de 300km de pistes cyclables et environ 5000Métrovélo en circulation (La ville possède un des réseaux les plus denses de France). Il y a aussi les modes de transports 2.0 avec l’autopartage de véhicules électriques (70 véhicules en circulation depuis Octobre 2014), le covoiturage et les parkings relais.
Pour autant, les véhicules diesel ou à essence restent encore un des moyens de transport les plus utilisés. Des mesures visant à limiter la vitesse maximale autorisée les jours de pics de pollution sont donc régulièrement prises.
Une seconde raison pour laquelle ce mode de vie écologique est plus développé qu’ailleurs tient dans l’existence d’écoquartiers. Situés non loin des stations d’autopartage, de bus, de tramway ou encore de MétroVélo, la ville de Grenoble a su implanter stratégiquement les 2 éco-quartiers De Bonne et Bouchayer-Viallet. Tous deux abritent immeubles (habitations, commerces, bureaux…) et infrastructures locales, culturelles et sociales à énergie positive, à l’aide de panneaux photovoltaïques qui ornent la quasi-totalité des toits et de systèmes de pompes à chaleur bien huilés. Bien qu’à l’heure du bilan les critiques sont mitigées (performances énergétiques discutables, une vie de quartier peu animée…), il faut noter que ces quartiers ont le mérite d’exister et que des défis de taille ont été remportés : l’amélioration de la qualité de vie des habitants et la diversité sociale et générationnelle en plein centre-ville.
Enfin la troisième raison tient certainement des habitants eux-mêmes qui ont manifesté leur conscience écologique en élisant à environ 40% des suffrages la liste Europe Ecologie Les Verts (EELV) lors des élections municipales de 2014. Les attentes sont fortes et le challenge d’Eric Piolle d’autant plus grand.
4 – Un capital culturel et social riche et transparent
Forte de plus de 2 siècles d’histoire (De Louis XI de France à Stendhal en passant par le chevalier Bayard, Choderlos de Laclos et Champollion) et d’un patrimoine touristique fondé sur le tourisme “vert” (Sports d’hiver, randonnée, …), la capitale du Dauphiné reste une des destinations touristiques les plus prisées de France, en particulier l’hiver. Ceci est également le résultat d’un fort investissement de la ville de Grenoble dans le domaine culturel depuis des années. Mais la nouveauté avec la nouvelle majorité, c’est d’assurer plus de transparence et de visibilité sur les politiques culturelles de la ville et surtout de favoriser l’accès au plus grand nombre et à tous les styles artistiques et culturels. Pour ce faire, la mairie a donc lancé le Chantier des Cultures. Le principe : sur un format soirée, inviter l’ensemble des citoyens à donner leur avis sur la politique culturelle de la ville et lancer des nouveaux axes de réflexion. Symboliquement, la première édition a eu lieu au théâtre municipal de la ville.
Dans la même veine que le chantier des cultures, la municipalité a opté en octobre 2014 pour une démarche open data.
S’il lui reste encore un peu de chemin à parcourir, il ressort de cet article que la ville de Grenoble a au moins initié un certain nombre de projets sur chacun des 7 critères qui définissent la smart city, faisant d’elle une vraie ville smart : mobilité, environnement, mode de vie, capital culturel et social, gouvernance et économie. Ses prochains défis : réussir le pari de l’industrialisation des projets à plus grande échelle et de ce fait, pour la municipalité Europe Ecologie Les Verts, placer le curseur encore plus loin sur l’échelle d’évaluation de la smart city que ses prédécesseurs.
Source : EnergyStream