A cheval entre pisciculture et agriculture, ce concept innovant d’aquaponie, imaginé par une start-up toulousaine, permet de remettre l’agriculture saisonnière au cœur de la ville. La ferme urbaine est installée à Reims, dans la centre d’hébergement d’urgence « Le Toit Solid’Air » de la Fondation de l’Armée du Salut et sera cultivée par les résidents qui pourront consommer le produit de leur travail.
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Alors que le centre d’hébergement d’urgence « Le Toit Solid’Air » de Reims vient d’être achevé et d’accueillir ses premiers résidents, PLURIAL NOVILIA et la Fondation de l’Armée du Salut ont choisi d’inaugurer sur le site un dispositif innovant de ferme urbaine. Basé sur l’aquaponie, une technique vertueuse de production, ce concept original, ludique et durable, permet de cultiver des fruits et légumes frais et savoureux, en plein cœur de la ville. Il permet également d’impliquer les habitants et de les sensibiliser à la saisonnalité des produits, mais aussi à une autre manière de produire – plus proche et plus écologique puisque le système consomme 90% d’eau en moins que dans l’agriculture conventionnelle et est garanti sans OGM, sans produits chimiques et sans pesticides.
Une serre autonome dans un container de 15m2
Le concept de ferme urbaine choisi par PLURIAL NOVILIA est né à Toulouse, à l’initiative de la start-up Citizen Farm. « Notre idée de départ était de replacer la nature au cœur de nos vies, en concevant des produits dont le fonctionnement est inspiré de celui de la nature », explique Pierre Osswald, fondateur de Citizen Farm. « Afin de briser les barrières entre la ville et la campagne, nous avons imaginé un ini-écosystème, sous la forme d’un aquarium original, adapté à un usage citadin, et permettant de cultiver un vrai potager écologique ».
Si ce potager peut se décliner en aquarium individuel, installable à domicile, la version « collective » mise en place au sein de du Toit Solid’Air se présente sous la forme d’un container de 15m2, séparé en deux. Dans la partie basse, métallique, on retrouve deux bacs : le premier accueille des poissons et le second permet de récupérer les eaux de pluie. Dans la partie haute est installée une serre vitrée où sont cultivés fruits et légumes de manière totalement écologique puisque la terre se nourrit de l’eau de l’aquarium, via un système de pompes à double-sens. « L’aquaponie repose sur un cycle naturel en plusieurs étapes », reprend Pierre Osswald. « Si les poissons produisent des déchets d’ordinaire nocifs en grande quantité, ceux-ci sont transformés en nitrites puis en nitrates par les bactéries présentes dans l’aquarium.
L’eau chargée en nitrates est acheminée jusqu’à la serre où elle va nourrir les plantes qui assimilent ces déchets par les racines, et donc purifier l’eau. Une fois nettoyée et oxygénée, cette eau peut retourner dans le bac des poissons dans un cercle vertueux perpétuel ». La serre n’est pas chauffée et les jardiniers en herbe doivent donc tenir compte de la saisonnalité pour les produits qu’ils vont planter. En moyenne, une serre peut produire 800 kilos de légumes de saison, et jusqu’à 400 kilos de poisson.
Un concept adossé à un projet social
PLURIAL NOVILIA est le premier bailleur d’envergure nationale à s’intéresser à ce dispositif innovant. Toujours en quête d’expérimentation et d’initiatives originales pour créer du lien social dans les quartiers, l’ESH a vu dans la ferme urbaine une manière à la fois facile et originale d’intégrer la nature et l’agriculture dans l’urbanisation de ses projets.
Comme le rappelle Alain Nicole, Directeur Général de PLURIAL NOVILIA, « cela fait un certain nombre d’années que nous montons des opérations de proximité visant à remettre les habitants en contact avec la nature, notamment à travers les jardins partagés installés au cœur des quartiers. Nous avons toujours pensé que le rôle d’un bailleur était autant dans la construction et la gestion du bâti que dans l’animation des lieux de vie. Et pour nous, l’animation passe par la création de lieux de rencontres entre les gens, des lieux comme cette ferme urbaine qui, en plus d’être ludique, est extrêmement pédagogique ».
Si le choix est déjà audacieux, le fait d’intégrer le dispositif au Toit Solid’Air géré par la Fondation de l’Armée du Salut apporte une dimension sociale supplémentaire à la démarche puisque ce sont les résidents qui vont être invités à jardiner et à s’occuper de la serre. « Lorsque PLURIAL NOVILIA nous a présenté ce concept de ferme urbaine, nous avons tout de suite répondu positivement à leur proposition » explique Philippe Wattier, le directeur de l’établissement. « L’agriculture permet aux résidents de se mobiliser autour d’un projet, de retrouver un rythme de vie quotidien et de plus long terme, en se calant sur les saisons. Chaque récolte est une réussite qui permet de renforcer son estime de soi et bien entendu de consommer les produits qu’on a jardinés ». « Tout l’intérêt de la ferme urbaine réside dans la mise en place d’un projet social pour accompagner son déploiement et son utilisation au quotidien », explique Nicolas Bourgeois, Directeur du Pôle DSU (Développement Social Urbain) de PLURIAL NOVILIA.
« Si le concept est simple d’utilisation, il faut néanmoins un travail d’accompagnement, pour choisir les produits à planter, apprendre aux gens les bons gestes, répartir les produits récoltés… Chaque ferme urbaine peut être radicalement différente des autres en fonction des produits choisis et des personnes qui vont les cultiver ».
PLURIAL NOVILIA réfléchit d’ores et déjà à la mise en place d’autres partenariats pour le déploiement de plusieurs fermes urbaines sur différents sites, notamment en association avec des écoles, des centres sociaux ou des maisons de quartier.
LE PROJET EN RESUME
- La 1ère ferme urbaine du Grand Est
- Un container de 15m2 installé sur le site du Toit Solid’Air
- Un projet social géré par la Fondation de l’Armée du Salut
- Des produits mis à disposition des personnes hébergées
- 400 poissons et 800 kilos de légumes frais par an
- 15 000€ d’investissement