Pour la première fois au Canada, une marque québécoise s’apprête à développer une gamme de sacs faits en cuir d’ananas.
Détecté sur :
La compagnie montréalaise Rose Buddha récidive dans son offre de vêtements et accessoires écoresponsables: à ses vêtements confectionnés au Québec à base de bouteilles en plastique recyclées, elle s’apprête aujourd’hui à ajouter des sacs faits de cuir d’ananas.
Parfait exemple d’économie circulaire, ce cuir végan, commercialisé par la compagnie britannique Ananas Anam, est issu des feuilles d’ananas, déchets destinés à être brulés. Depuis près de deux ans, Ananas Anam travaille en collaboration avec une coopérative aux Philippines pour aider les fermiers à gérer ces déchets afin d’en extraire leurs fibres. Celles-ci sont ensuite travaillées pour obtenir une sorte de feutrine, dont la finition est complétée en Espagne. «Ce cuir est 100 % écoresponsable, il n’y a aucun ajout, ni d’eau, ni de produits chimiques», précise Madeleine Arcand, cofondatrice de Rose Buddha. Les déchets issus du processus d’extraction des fibres servent quant à eux aux fermiers en tant que biogaz et de fertilisant.
Lire aussi : Des pantalons de yoga québécois 100% écoresponsables
Outre ces aspects environnementaux, Ananas Anam a pour mission d’assurer un revenu supplémentaire juste aux communautés agricoles locales. Écoresponsabilité et éthique sont justement deux éléments essentiels pour Rose Buddha. «C’est important pour nous que tout le monde soit bien traité et bien payé tout au long de la chaine de production. Cela explique pourquoi ce cuir est extrêmement cher: il coûte 50$/m2, bien au-delà des prix des textiles qui se situent en général en-dessous de 10$.» D’ailleurs, Ananas Anam ne vend son cuir qu’aux entreprises qui savent démontrer leur engagement sur ces deux critères. «Nous avons été sélectionnées de manière rigoureuse sur la base d’un grand formulaire où nous devions expliquer la philosophie de notre compagnie.»
Ce nouveau cuir végan est pour Rose Buddha une solution parfaite qui remplace le cuir naturel ou le faux-cuir, matériaux que la compagnie s’est toujours refusée d’utiliser. «Nous n’utilisons pas le cuir pour des raisons évidentes de protection des animaux, mais aussi parce que les tanneries utilisent plus de 250 produits chimiques toxiques qui se retrouvent dans la nature [à la fin de vie du vêtement]. Quant au faux-cuir, c’est du PVC fabriqué à base de plus de 200 produits chimiques.» Le cuir d’ananas a aussi l’avantage d’être résistant, facile d’entretien, léger et entièrement compostable en fin de vie.
Rose Buddha rejoint la petite dizaine d’entreprises dans le monde, notamment en Espagne et au Royaume-Uni, qui utilisent ce cuir pour la confection de chaussures, de bracelets de montre, de sacs ou de vêtements. «C’est une première au Canada. On en est aux balbutiements de ce cuir végétal. Nous allons commencer par la fabrication de deux types de sacs multifonctionnels. Il n’est pas impossible que l’on fasse d’autres produits par la suite.» Pour l’heure, la compagnie s’est lancée dans une campagne de sociofinancement pour développer ses sacs en vue de les commercialiser en septembre prochain. Le succès de cette campagne est d’ores et déjà au rendez-vous: la compagnie a atteint son objectif financier initial de 3000 $ en 24 heures, objectif qu’elle a depuis doublé et qui est sur le point d’être réalisé.
* Photo de Une: Sac en cuir d’ananas créé par la marque italienne Ziza.