Pour réduire les émissions de CO2, le think tank a travaillé sur cinq solutions :
– le télétravail et la distribution à domicile des achats pour réduire le nombre de trajets ;
– le covoiturage et les transports public express pour augmenter le taux d’occupation des véhicules ;
– le vélo comme changement de mode de déplacement et de motorisation.
Le think tank The Shift Project a publié, le 14 septembre 2017, le rapport “Décarboner la mobilité dans les zones de moyenne densité”. Le covoiturage et le vélo apparaissent comme les solutions les plus efficaces en termes de réduction des émissions de CO2. Mais pour réussir cette transition énergétique, il faut revoir le mode de gouvernance et réussir à changer le comportement des autosolistes.
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Un avantage au vélo et au covoiturage
The Shift Project a calculé les bénéfices attendus en termes de réduction de CO2, mais aussi les réductions des dépenses de ménages induites et les investissements nécessaires pour mettre en place la solution, et en déduire le solde financier (positif ou négatif) et l’effort politique nécessaire.
Le système vélo (entre -15 et -33% de CO2 selon le scénario) et le covoiturage (entre -6 et -30%) apparaissent comme les deux solutions les plus intéressantes à mettre en œuvre, mais aussi les transports publics express (-8% dans le scénarion potentiel optimiste) sur les grands axes autour des agglomérations. En revanche, les bénéfices du télétravail apparaissent limités en termes de réduction de CO2 et exigent, en outre, des investissements importants. De même, la distribution des achats à domicile apparaît cher et difficile à mettre en œuvre à court terme.
Une bonne échelle de gouvernance à trouver
Même écho du côté de Julien Dehornoy, directeur adjoint de cabinet de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, qui considère aussi qu’une meilleure gouvernance permettrait de mieux articuler les offres transport. Ghislaine Senée, maire de la petite commune d’Évecquemont en Île-de-France, a témoigné que malgré la fusion des cinq EPCI et la structuration du réseau de bus, les derniers contrats de type 3 (CT3) avaient été signés sans aucune vision de l’échelle sur laquelle les acteurs devaient travailler.
Cependant, l’étalement urbain, souvent évoqué, n’est pas seul en cause selon André Broto, conseiller du président chez Vinci Autoroutes. Celui-ci a cité les exemples de personnes qui effectuent des trajets domicile-travail entre Toulouse et Montauban ou Le Mans et Paris : “Il y a une cécité sur ces phénomènes. Ces sujets sont orphelins en termes de gouvernance”.
Changer les comportements
Mutualiser les moyens de transport
A quelques jours de l’ouverture des Assises nationales de la mobilité, Julien Dehornoy a esquissé le rôle que pourraient jouer les pouvoirs publics. Il s’agirait de soutenir les territoires qui veulent innover. Par exemple, en aidant les collectivités lors de la phase d’amorçage d’un service de covoiturage pour atteindre rapidement une taille critique. Autre proposition, essaimer les bonne pratiques au lieu de laisser des collectivités tenter des expériences qui ont déjà échoué ailleurs.
Enfin, Véronique Michaud, secrétaire générale du Club des villes et territoires cyclables, a souhaité que la future loi d’orientation qui sera issue de ces Assises nationales de la mobilité, n’oublie pas la promesse inscrite dans la loi Loti de 1982, à savoir le droit à la mobilité.
F.G.
Les “mesures incontournables”
– Pour le système vélo
Le think tank estime que le report modal vers le vélo est dépendant des infrastructures et de leur qualité (cohérence, continuité, couverture) : réduction des vitesses maximales dans les agglomérations pour les véhicules motorisés ; conditionnement de l’autorisation de création de zones d’activité à l’accessibilité vélo ; création de corridors rapides : routes à vélo d’une part, bandes cyclables d’autre part ; sécurisa-tion du stationnement.
– Pour le covoiturage
Le covoiturage nécessite, selon The Shift Project, la mise en place d’un réseau dense d’aires de rencontre, l’instauration d’un complément au paiement du passager et la création d’un régime spécifique pour les covoitureurs.
– Pour les transports publics express
La réussite de ce mode de transport passe la construction d’un ensemble de pôles multimodaux autour des centres des grandes agglomérations, la construction de gares routières, l’amélioration de densité/fréquence du réseau.
Parallèlement, le think tank préconise de décourager l’usage de la voiture particulière afin de faciliter l’usage des modes alternatifs : affectation de l’espace dédié aux voitures vers le covoiturage et le vélo ; mise en place de zones de circulation restreinte ; réduction de la vitesse maximale autorisée sur tous les réseaux ; augmentation progressive, forte et programmée des taxes sur les carburants ; obligation, pour les entreprises, de planifier la réduction de leurs émissions du scope 3 (c’est-à-dire mobilité des clients, des salariés, des fournisseurs).