D’ici à 2050, les spécialistes estiment que 70% des habitants dans le monde vivront en ville, avec un risque majeur… Ne plus arriver à gérer le trop plein de déchets. Pour anticiper cette situation catastrophique, certaines villes ont lancé des opérations « zéro déchet » en association avec leurs habitants. De son côté, le gouvernement français a lancé un soutien financier aux villes qui veulent se lancer et mis fin à l’usage des sacs plastiques.
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Reportage dans les coulisses de l’économie circulaire partout dans le monde.
Fin 2014 et fin 2015, le gouvernement Hollande a lancé deux appels à projet destinés à soutenir financièrement les villes et collectivités qui voudraient se lancer dans une opération zéro déchet pour rendre plus durable leur territoire. Plusieurs collectivités locales ont postulé et ont été retenues, notamment le territoire de Marseille Provence Métropole et la commune de Miramas.
La nouvelle loi de Transition énergétique votée en 2015 prévoit également une généralisation du tri des biodéchets d’ici 2025 et des villes comme Paris réfléchissent à une expérimentation de collecte sur certains quartiers.
Les biodéchets, qu’est ce c’est ? Les épluchures de fruits et légumes, les restes de repas, marc de café et sachets de thé, pain rassis, os, viandes, produits périmés et fleurs fanées…
Comment San Francisco a déjà atteint 80% de recyclage de ses déchets et vise le 100% ?
Il y a treize ans, c’est la célèbre et très branchée ville de San Francisco en Californie qui se lançait l’objectif alors jamais vu ailleurs : recycler 100% de ses déchets d’ici 2020. Avec ses 850 000 habitants, San Francisco a beaucoup de points communs avec Marseille. Métropole relativement peuplée et dense, situation littorale, relief, grande mixité sociale, bon nombre d’associations de protection de l’environnement très actives…
Pour atteindre son objectif, la municipalité de San Francisco a du la jouer fine. Il a fallu négocier avec tous les acteurs du territoire, de l’habitant lambda aux plus grandes entreprises du territoire.
Par exemple, la collectivité a du négocier avec les entreprises de construction pour les convaincre de recycler 75 % de leurs matériaux, persuader les habitants d’utiliser systématiquement trois poubelles pour faciliter le tri ou encore d’accepter la disparition des sacs plastiques, et d’arroser leurs pelouses avec l’eau de rinçage des machines à laver.
Petit à petit, tout le monde s’est mis à jouer le jeu… Les professionnels du tourisme en première ligne, forte retombée financière oblige ! En compostant les restes de repas et en jouant la carte de l’écologie, l’hôtel Hilton a par exemple fait baisser de 250 000 dollars par an le coût du ramassage de ses ordures. Les 4 500 restaurants de la ville ont rapidement suivi son exemple.
Pour atteindre son objectif, la ville de SF a également construit un immense hangar de 20 000 m2 entièrement consacré au recyclage, qui permet de trier les 1 000 tonnes de déchets par jour et a créé 180 emplois directs ! A la sortie de l’usine, le carton et le papier sont vendus à des usines d’emballage en Chine et au Vietnam. Quant au verre et aux canettes, ils sont recyclés pour une entreprise locale.
Côté compost, les déchets organiques qui représentent 650 tonnes chaque jour, sont achetés par les agriculteurs de la région qui s’en servent pour fertiliser leur terre et booster leur production. Plus efficace que Monsanto !
La ville mise également sur la persuasion pour convertir tous ses habitants. En effet, un habitant qui se fait prendre en flagrant délit de « non tri » peut recevoir une amende allant jusqu’à 1 000 dollars. Autre effet persuasif, la location de la poubelle destinée aux déchets non recyclables coûte beaucoup plus cher que les deux autres destinées au recyclage. Ainsi, les habitants optent pour les poubelles de recyclable, cela leur permet de faire des économies.
Milan, l’Italienne se met au vert
De son côté, la capitale lombarde a aussi passé le feu vert. Milan trie et recycle 50% de ses poubelles, démontrant qu’une ville de 1,4 million d’habitants du sud de l’Europe peut déployer un vaste système de collecte séparée.
En effet, la ville a franchi le pas dès 2011 en associant les efforts des habitants. A cette époque, le taux de recyclage était très faible. A partir de 2014, la ville a mis en place un système de collecte individuel de ses biodéchets en sacs à composter, qui a permis de collecter chaque année 90 kg par personne, réduisant ainsi la production de CO2 de près de 9 000 tonnes.
Comme à San Francisco, les déchets organiques récupérés sont ensuite compostés dans des plateformes pour ensuite être utilisés en agriculture. Là aussi, Monsanto n’a qu’à bien se tenir !
En France, Roubaix et Lorient font la course en tête
A Lorient, la Communauté d’agglomération recycle environ 8 000 tonnes de biodéchets par an, sur une plateforme de compostage. Le compost est ensuite revendu aux agriculteurs de la région ou donné aux particuliers lors de manifestations de sensibilisation aux méthodes de jardinage respectueuses de l’environnement.
A Roubaix, la ville a lancé l’opération zéro déchet avec un site web hyper bien fait pour inciter les familles à se mettre au recyclage. Résultat, plus de 100 familles ont immédiatement joué le jeu et recyclent aujourd’hui 50% de leurs biodéchets. Ces familles volontaires, recrutées pendant l’été 2014, ont été suivies par un coach dans leurs pratiques quotidiennes, à l’aide d’un diagnostic et de solutions personnalisés.