La transition énergétique ferait gagner presque 4 points de PIB en 2050
Les 1er et 2 juillet, les villes et les régions réunies au Sommet climat et territoires ont annoncé leurs engagements contre les dérèglements climatiques à l’hôtel de région de Lyon. C’est dans une atmosphère historique et solennelle que nous avons assisté à l’élaboration de la déclaration du Sommet visant à trouver un accord ambitieux lors de la COP21.
Rassemblés en groupes de travail, des associations et des élus du monde entier ont énoncé des propositions concrètes au niveau régional. L’objectif est lancé. La société civile entend pousser les chefs d’État à s’investir davantage dans le combat contre le changement climatique. François Hollande, en ouverture du Sommet, a déjà promis d’intégrer les villes et les régions aux négociations de la COP21 et s’est affirmé favorable à ce que « les collectivités locales accèdent directement » aux fonds qui seront mobilisés dans le cadre du futur accord international, soit 100 milliards d’euros par an à compter de 2020.
Les élus et les ONG se démènent
À cinq mois de la COP21, les réseaux des collectivités locales et les réseaux d’ONG ont montré l’exemple pour renforcer la lutte contre le changement climatique. Samantha Smith, présidente de WWF, nous affirme que « le fait que le sommet ait lieu est déjà positif, nous savons que les maires de Bogota, de Lyon et de Paris mettent en place des mesures concrètes notamment en matière de transport et ils continuent à s’engager ». Elle se dit « positive sur l’après-sommet du fait du dévouement des maires invités ». La présidente évoque les efforts de la France, mais malgré son investissement à l’international, « au niveau national, des progrès sont à faire ».
800 personnes et 80 pays ont ainsi fait le déplacement pour arriver à une déclaration commune du Sommet. Lors de l’ultime session plénière, les élus se sont démarqués par leur dynamisme. Hakima El Haite, ministre déléguée chargée de l’Environnement au Maroc parle de« changement de culture, de changement de paradigme, de société » pour contrecarrer les dérèglements climatiques. Pour elle, il n’est pas cohérent de demander aux pays d’être propres quand la finance subventionne des centrales à charbon.
Le Maroc qui accueillera la Conférence climat en 2016 (COP 22), vient de publier sa contribution pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre. Alors que le pays ne figure pas parmi les pays les plus pollueurs – 78ème rang en termes d’émission de GES – il s’engage à ralentir ses émissions de gaz à effet de serre jusqu’à 32% à l’horizon 2030, s’il bénéficie d’un appui financier international suffisant.
Les maires de Bogota, de Copenhague, de Dakar et de Genève étaient présents, tout comme le maire de Bristol qui a appelé à « ne pas laisser les États à la traîne ». C’est dans cette ville que seront centralisées toutes les données sur la comptabilité-carbone issue des autorités locales à travers le site Carbonn Climate Registry.
Peu après l’intervention des élus, les mécènes du Sommet ont également pris la parole. Leur rôle reste flou puisqu’ils n’ont apporté aucune proposition et la pollution générée par leurs entreprises n’est pas négligeable.
Vers la “décarbonation” de l’économie mondiale ?
Dans la déclaration établie par l’ensemble des acteurs non-étatiques, il est question d’éviter une montée des températures supérieure à deux degrés et de relever ce défi par une décarbonation de l’économie mondiale. Anne Hidalgo a déclaré qu’il fallait tourner le dos aux énergies fossiles pour s’orienter vers les énergies renouvelables. Le texte parle de« transformation vers une économie bas-carbone » mais le terme énergie fossile ne se trouve pas dans la déclaration.
La déclaration du Sommet énonce toutefois des questions clés : « la pauvreté, la pression sur les ressources, l’urbanisation, les droits des populations autochtones, la biodiversité, l’adaptation aux conséquences des dérèglements climatiques et l’éducation » sont mentionnés, ce qui révèle que la lutte contre le changement climatique doit être accompagnée de mesures sociétales.
Les réseaux présents se sont également engagés dans le texte à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 1,5 milliard de tonnes d’ici 2020. Par rapport à la baisse de 9 milliards de tonnes exigée à cette date pour contenir le réchauffement climatique sous les 2° C, les territoires signataires, où vit moins de 12 % de la population mondiale, apporteront donc une contribution de 15 %.
La mobilisation des villes et des régions prouve que l’événement a été l’une des étapes majeures avant la COP21. Montrer l’exemple, pousser les États à s’engager : l’ampleur des signatures de la déclaration du Sommet laisse présager que villes et régions pèseront lors des négociations qui auront lieu en décembre prochain.
Source : Le Journal International
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