Ce sont les Etats qui se sont réunis à Marrakech du 7 au 18 novembre pour la COP22. Mais les villes entendent s’impliquer dans le processus onusien. C’est toute la vie urbaine qui doit être repensée.
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On ne les avait pas vus venir. Le 4 décembre 2015, sans crier gare, les élus de 1.000 villes du monde entier, réunis à l’hôtel de ville de Paris, prêtaient solennellement le serment de réduire de 80% leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2050 sur leur territoire, tirant vers eux, ce jour-là, l’essentiel de la couverture médiatique consacrée à la COP21. Un objectif très ambitieux (il implique un approvisionnement énergétique à 100% renouvelable d’ici à 2050), en même temps qu’un événement inédit dans l’histoire de ces grand-messes onusiennes sur le climat.
Jusqu’alors, les représentants des associations internationales des métropoles, cantonnés dans les places du fond des salles de négociations, ne faisaient guère d’ombre aux missi dominici des Etats. Et encore moins à leurs ministres et chefs d’Etat. La stature de Michael Bloomberg, ex-maire de New York et envoyé spécial de l’ONU pour les villes et le changement climatique, a modifié la donne.
De fait, exposées en première ligne aux conséquences du réchauffement, les villes, où se concentre plus de la moitié de la population mondiale, détiennent une bonne partie de la solution. Les 195 pays signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) n’ont commencé sérieusement à l’admettre qu’il y a deux ans à Lima, lors de la COP20. Pour la première fois, le rôle de ces acteurs « non étatiques » – comme le sont également les entreprises – dans la lutte contre le réchauffement était abordé. Las, la reconnaissance de ce rôle aura disparu du texte final vingt-quatre heures avant son adoption.
Accéder aux fonds internationaux
Cette COP n’en aura pas moins accouché d’une initiative totalement novatrice : L’Agenda de l’action ou Plan d’action Lima-Paris . Un dispositif dont la vocation est de faire naître et de développer les actions et les engagements de ces fameux acteurs non étatiques.
Non sans succès. A ce jour, le compteur de Nazca , la plate-forme numérique de l’ONU qui sert à les enregistrer, aligne près de 12.000 « commitments », dont plus de 7.400 émanent de collectivités locales. Reste à savoir quelle valeur leur donner. C’etait l’un des enjeux forts de la COP22.
Il va notamment falloir s’entendre sur la façon d’harmoniser ces engagements locaux à réduire les GES avec ceux déposées sur le bureau de l’ONU par la quasi-totalité des pays de la planète l’an dernier, avant la Conférence de Paris. Des engagements étatiques, dont il reste à fixer les règles de mise en oeuvre, notamment pour s’assurer de la fiabilité des informations transmises, et qui sont d’ores et déjà appelées à être réévaluées.
Revoir à la hausse leurs engagements
Leur agrégation dessine, en effet, une trajectoire de hausse de la température terrestre de 3°C d’ici à 2100. C’est plus de 1 degré en trop par rapport au cap fixé dans l’Accord de Paris (« bien en deçà de 2 degrés »). Pour corriger le tir, un rehaussement de ces engagements a été programmé pour 2018. Un processus de révision dans lequel les villes, fortes de leurs contributions, se trouveront forcément impliquées.
« Ils nous faut rentrer en action et cesser d’être infantilisés »
estime Celia Blauel, adjointe (Europe Ecologie-Les Verts) à l’environnement et au climat à la Mairie de Paris. L’élue réclame l’accès des villes à certains financements encore très peu utilisés.
Fin septembre dernier, les acteurs non étatiques du climat, qui tenaient à Nantes leur sommet annuel – le Climate Chance -, ont ainsi appelé à la mise en oeuvre de mécanismes permettant aux collectivités locales de bénéficier des aides du Fonds vert. Cet instrument, décidé en 2009 à la COP de Copenhague et doté de 10 milliards de dollars fournis par les pays riches, commence tout juste à soutenir les projets d’adaptation au changement climatique des pays en développement.
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