Le CESER (Conseil économique social et environnemental régional) Aquitaine a récemment présenté son rapport sur l’économie circulaire. Nous vous en livrons les conclusions.
” Notre pays traverse une crise majeure, une crise d’abord de projets “, rappelle, en préambule du rapport, Jean-Michel Gautheron, président de la section veille et prospective du CESER Aquitaine. Pour cette institution, qui représente la société civile, l’un des remèdes à cette crise est l’économie circulaire. “Elle peut constituer un véritable catalyseur pour fédérer les énergies et un levier d’action permettant aux décideurs publics de réenchanter la politique“, avance-t-il.
Nouveau modèle économique à construire
A l’heure, où les ressources se raréfient et où la question de la transition énergétique se pose avec acuité, l’économie circulaire propose un autre modèle : produire des biens et des services tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, transformer les déchets des uns en ressources pour d’autres, optimiser l’usage d’un bien, en le recyclant au besoin. En somme, il s’agit de produire et de consommer différemment, de manière plus écologique.
Un début d’intérêt des pouvoirs publics
Longtemps considérée comme une utopie, l’économie circulaire suscite aujourd’hui un réel intérêt, y compris des pouvoirs publics. Car, l’économie circulaire est porteuse d’emplois. En France, ne serait-ce que le secteur de la gestion des déchets représente plus de 135000 emplois. Avec des acteurs de poids, tels que Suez.
Mais, l’économie circulaire va bien au-delà du recyclage de déchets. Ainsi, “en Aquitaine, dans l’aéronautique, les entreprises ont su optimiser aussi l’utilisation de consommables, avec des deltas économiques significatifs”, observe Jean-Michel Gautheron.
De nombreux emplois à la clé
L’Ademe estime que l’économie circulaire pourrait créer entre 200 000 et 400 000 emplois en France. Une fourchette large et prudente. Le sujet est sensible. “Comme toute révolution, l’économie circulaire sera aussi destructrice d’emplois”, rappelle Jean-Michel Gautheron.
Et en Aquitaine, quel gisement d’emplois représente l’économie circulaire ? Pour l’heure, “il est difficile d’évaluer le nombre d’emplois liés à l’économie circulaire aujourd’hui et demain, tant elle est transversale et touche différentes secteurs d’activité. C’est tout l’objet d’un nouveau rapport que nous venons de lancer”, explique-t-il.
En tout cas, la Commission européenne évalue à 600 milliards d’euros les économies qui en résulteraient pour les entreprises, soit 8 % de leur chiffre d’affaires annuel.
Des outils fiscaux à mettre en oeuvre
Pour autant, les pouvoirs publics sont encore hésitants. L’État n’a débloqué que 5 millions pour dynamiser les initiatives d’entreprises sociales œuvrant dans l’économie circulaire. En réalité, les politiques ne savent guère comment stimuler le secteur. “De manière traditionnelle, le politique souhaite structurer l’économie circulaire et la pense comme une filière, mais c’est justement l’écueil à éviter, tant elle recouvre des formes diverses”, prévient Jean-Michel Gautheron.
Dans ses conclusions, le rapport insiste plutôt sur la nécessité de stimuler l’économie circulaire par des politiques volontaristes , à travers des outils fiscaux et réglementaires incitatifs. “Il faut une vraie politique courageuse en termes de fiscalité, avec une vision qui ne soit pas court-termiste”. “Chacun peut trouver bénéfice dans la dynamique de l’économie circulaire”, souligne Jean-Michel Gautheron.
Source : Sud Ouest