La filière française du bois est peu développée. Le CLT, susceptible de remplacer, parfois, le béton ou la construction métallique, pourrait aider à la soutenir.
Personne n’a récemment inventé le bois. Certes. Mais, mis à part en montagne, sous forme de madriers ou de rondins, les arbres ne sont pas très utilisés en France comme matériau de structure. C’est sans doute pourquoi, porté par un entrepreneur dynamique et communicant, Guillaume Poitrinal, l’ancien patron d’Unibail, l’arrivée en fanfare, du « cross laminated timber » (CLT) sur le marché fait figure d’innovation.
Le procédé, qui consiste à croiser des couches de bois pour en faire des poutres massives, date pourtant : inventé en 1947 par l’ingénieur Jean Prouvé, il est couramment utilisé dans les pays scandinaves et anglo-saxons. Alors que le bois sert traditionnellement d’ossature, le CLT permet de mettre en oeuvre des « parpaings » ou, plus adapté aux besoins, de livrer sur les chantiers des murs préfabriqués, jusqu’à 16 mètres de long.
Léger mais coûteux
Plus léger que ses concurrents le béton ou l’acier, paradoxalement aussi résistant au feu, le bois pourrait faire un carton. A condition que les entreprises françaises de construction, historiquement tournées vers le béton, acceptent de considérer le challenge. A la tête de Woodeum, Guillaume Poitrinal est à la fois représentant en France d’un important producteur européen, Stora Enzo, maître d’ouvrage délégué, et ne rechignerait pas à se relancer dans la promotion. Notamment dans le cadre d’écoquartiers dont les maîtres d’ouvrage commencent à considérer que l’empreinte carbone des bâtiments est aussi importante que leurs performances énergétiques. A volume égal, le bilan carbone du CLT, depuis la forêt jusqu’au bâtiment habité est bien plus faible que celui des autres matériaux. Deux écueils : ses performances acoustiques médiocres et son coût élevé : « Sauf si l’on prend en compte les délais de mise en oeuvre, les frais financiers économisés et la mutabilité des bâtiments rendue possible par l’utilisation du bois », explique l’architecte Jean-Paul Viguier. Idéal pour surélever des immeubles en allant vite et sans peser sur les fondations, le CLT est aussi utilisable pour construire en hauteur, jusqu’à dix étages. A condition de dépasser la réticence psychologique liée au syndrome des « Trois Petits Cochons ».
Source : Les Echos