Alors que ce bâtiment se présente comme le premier grand projet globalement biomimétique en France, regard sur la façon dont l’architecture peut bouleverser ses approches.
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Le biomimétisme, soit l’inspiration de la nature dans l’innovation technologique, séduit le domaine architectural. Les phénomènes de la nature sont en effet susceptibles d’aider à la conception de solutions durables aussi bien pour les structures des bâtiments, la qualité des matériaux ou l’efficacité énergétique. Le bâtiment Ecotone se présente comme le premier grand projet globalement biomimétique en France.
Situé dans un cadre verdoyant de la région parisienne, Ecotone accueillera à la fois des logements, des bureaux, des commerces et autres services dès la fin de sa construction prévue en 2023 – il sera alors le plus grand bâtiment en bois d’Europe. Ce bâtiment, dont la façade est couverte de végétaux, est conçu pour être autonome en énergie jusqu’à 95% grâce à une combinaison de sources d’énergie: des panneaux solaires, des éoliennes urbaines, des unités de méthanisation pour recycler les déchets organiques, ainsi que des dispositifs pour la récupération de la chaleur des eaux usées. Son design tout en verre et transparence vise en outre à se fondre dans le paysage: ce bâtiment de 82000 mètres carrés prend des airs de termitière géante.
«Ecotone offre la possibilité d’une nouvelle relation entre l’homme et la nature, une relation plus vertueuse et plus respectueuse de l’environnement. Cette logique profondément biophilique contribue non seulement au bien-être des usagers du bâtiment, mais vise également à orienter les comportements vers plus de sobriété et de conscience écologique», explique-t-on chez Oxo Architectes, maître d’oeuvre du projet.
L’innovation du projet apparaît en outre dans sa vision globale. « Il propose à la fois des critères innovants d’urbanisme, de conception écologique et d’intégration de l’être humain », commente l’architecte québécois Owen Rose. Il s’agit en effet d’un projet de revitalisation d’un quartier, à échelle humaine puisque le bâtiment est seulement de quelques étages, à proximité des transports collectifs tout en offrant une mixité sociale et d’usages. La ville, donneur d’ouvrage, a fait preuve en ce sens de « leadership politique et municipal en permettant la synergie et la connexion de tous ces éléments.» C’est d’ailleurs sur ce même concept que la ville de Québec a initié les trois écoquartiers de la Pointe-aux-Lièvres.
Au Québec, de plus en plus de projets intègrent des concepts de base de construction et de performance énergétique tels la certification Leed ou plus récemment les maisons passives. Différents acteurs ont la volonté de pousser l’innovation plus loin, que ce soit les firmes d’ingénierie et d’architecture, la Société des infrastructures du Québec ou la Société d’habitation du Québec. Pour Owen Rose, il n’y a pour le moment aucun développement réellement fondé sur une vision globale, prérequis pour inciter des projets à haute innovation. «L’enjeu reste de savoir comment on amène l’innovation, et comment les donneurs d’ouvrages, les villes et les règles d’urbanisme peuvent l’appuyer. À mon avis, tout dépend du leadership des villes: elles doivent prendre le risque de financer des projets qui poussent l’innovation plus loin.»