En 2017, Barcelone va commencer à se convertir en une ville piétonne. La ville veut repenser la mobilité au sein du célèbre plan d’Ildefons Cerdà, en limitant fortement la circulation automobile au sein des quartiers de la ville.
Depuis plusieurs années, l’air à Barcelone est tellement pollué que cela devient un réel problème de santé publique: environ 3.500 personnes meurent chaque année dans la région métropolitaine du fait du smog et des particules en suspension. C’est pourquoi, la ville a approuvé un plan de mobilité urbaine en 2015 qui doit multiplier les zones piétonnes.
Le plan de Cerdà est un des plus célèbres plans d’urbanisme au monde. Proposé en 1860 par Ildefons Cerdà, il s’agit d’un plan hippodamien avec une structure quadrangulaire, régulière et ouverte. Basé sur des principes hygiénistes, ce plan anticipait alors de manière visionnaire le développement du trafic motorisé. Avec des voies de circulation de 20, 30 ou 60 mètres de large, la ville de Barcelone se préparait à accueillir la massification de l’automobile individuelle.
Par ailleurs, du fait de la spéculation, le modèle urbain de Cerdà s’est trouvé assez vite dévoyé. Là où il prévoyait des blocs d’habitation relativement aérés intégrant des jardins, la densification a eu raison du projet initial, la moindre parcelle d’espace vert ayant été urbanisée. Le résultat ne s’est pas fait attendre: des voies de circulation automobile démesurées qui sont autant d’aspirateurs à voitures et très peu d’espaces verts ou de zones protégées du trafic.
C’est pourquoi, l’idée de la ville consiste à repartir du plan de Cerdà pour à la fois limiter le trafic automobile et recréer des espaces verts ou des zones piétonnes.
Au travers d’un modèle appelé « Supermanzanas » (« Superblocs »), l’objectif est de définir un grand nombre de micro-quartiers où le trafic automobile sera réservé aux seuls résidents et où l’espace sera réaffecté aux piétons et aux cyclistes.
« Les superblocs sont destinés à mettre un terme à la prédominance de la voiture dans les rues, en affectant l’espace routier aux piétons, » explique Irene Capdevila de l’agence de l’environnement de la ville. « Ils conduisent à une baisse du trafic qui va certainement être visible en termes de pollution de l’air ou de bruit. »
Dans un superbloc, plusieurs pâtés de maisons sont reliés entre eux, et la circulation (des résidents) est détournée vers l’extérieur. A l’intérieur, les piétons et les cyclistes ont la priorité tandis que les résidents des blocs peuvent conduire à une vitesse lente (10 km/h). Ces quartiers qui avaient autrefois peu d’espaces verts seront aménagés avec des mini-parcs, des places et des jardins.
Là où le plan d’urbanisme initial permettait seulement la circulation (principalement des voitures), le modèle Supermanzanas doit permettre de multiplier les usages et les fonctions (parcs, jeux, musique, commerce, etc.)
La ville de Barcelone a créé ses premiers superblocs en 2003 dans le quartier de Gràcia, mais c’est seulement maintenant que le concept se répand largement.
L’exemple précédent montre comment s’est transformée une intersection dans le quartier de Gràcia qui est devenue une place urbaine de 2.035 m². La ville compte réaménager un grand nombre d’intersections selon ce modèle, comme pour le croisement du quartier Eixample ci-dessus. A terme, 120 intersections devraient être transformées de la sorte pour une surface totale de 23 hectares.
Pour aider les gens à se déplacer sans leur voiture, la ville développe également les pistes cyclables (de 100 km aujourd’hui à 300 km au terme du plan). La ville transforme dans le même temps son réseau de transport en commun afin que chaque résident ne soit pas à plus de 250 mètres d’un arrêt. Quant aux zones piétonnes, estimées à 75 hectares aujourd’hui dans la ville, elles doivent passer à 750 hectares au terme du plan, soit une multiplication par dix!
Tout ceci ressemble à s’y méprendre à un plan général pour tendre vers la ville sans voiture…
Découvrir le plan de mobilité urbaine de la ville de Barcelone