Pittsburgh a récemment fait les gros titres de la presse suite à l’annonce du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Le discours d’un Donald Trump, « élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris », n’a pas manqué de faire réagir William Peduto, le maire de la ville. Toutefois, cette polémique a le mérite de mettre en lumière une cité autrefois symbole de la sidérurgie qui renaît grâce notamment à une politique écologique ambitieuse.
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Pittsburgh a été pendant des décennies la ville américaine de l’acier avec la moitié de la production nationale. L’effondrement de la sidérurgie a amené la cité à se réinventer en misant sur un nouveau modèle économique et en se réappropriant des zones urbaines occupées par l’industrie lourde. Pittsburgh, jadis comparée à l’enfer, est devenue l’une des villes les plus agréables des États-Unis et fait partie des 100 villes résilientes (100RC) de la fondation Rockefeller.
100 % d’énergie renouvelable d’ici 2030
Symboles de cette résilience, les objectifs 2030 ont été dévoilés en 2015 par William Peduto. Ils incluent 100 % d’énergies renouvelables, la fin de l’enfouissement des déchets et des carburants fossiles pour les véhicules municipaux. Le maire veut réduire de 50 % la consommation d’énergie, d’eau et les émissions de gaz à effet de serre de sa ville. Au total, 470 bâtiments sont engagés dans cette démarche, faisant de Pittsburgh 2030 l’un des projets écologiques les plus avancés des États-Unis.
Pittsburgh compte aujourd’hui 39 bâtiments certifiés LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), un système de standardisation de bâtiments à haute qualité environnementale. Délivré par le Green Building Council, il promeut les pratiques durables dans l’industrie de la construction. Le David L. Lawrence Convention Center est le symbole de cette mue. Avec son éclairage, sa ventilation naturelle et son système de traitement des eaux, il obtient la plus haute certification.
Entre nouvelles technologies et énergies renouvelables
La ville peut s’appuyer sur son passé industriel pour attirer les investisseurs. Ford a dépensé un milliard de dollars à Pittsburgh pour y développer la voiture autonome. Cet apport de capitaux se fait également dans les énergies vertes. Pour Ron Gdovic, P-DG de WindStax, un fabricant d’éoliennes et de panneaux solaires, s’implanter à Pittsburgh est une évidence : « nous savions que nous pourrions produire ici et c’est ce que nous avons fait ».
Selon la mairie, Pittsburgh emploie 13.000 personnes dans les énergies renouvelables, secteur dont les effectifs devraient passer à 76.000 d’ici deux décennies. Par ailleurs, la liste des entreprises implantées dans la ville travaillant sur des questions écologiques n’est pas exhaustive. On pourra notamment citer RoBotany, une start-up utilisant des robots pour cultiver des plantes avec moins d’eau et de pesticides ou Aquion qui met au point des systèmes de stockage d’énergie en utilisant l’eau de mer.
La reconversion des friches industrielles
La municipalité de Pittsburgh a considérablement repensé sa politique d’urbanisme en développant des écodistricts ou en reconnectant des zones isolées des collines avoisinantes. La mairie s’est aussi réappropriée d’anciennes friches industrielles pour en faire des espaces verts. Symbole de ce renouveau, le développement du Three Rivers Park aurait été impossible du temps de la sidérurgie. Toutefois, Pittsburgh manque encore de transports en commun écologiques, que William Peduto s’est engagé à mettre en place.
En citant Pittsburgh, Donald Trump a surement mal choisi son exemple car ses habitants connaissent les dégâts de la pollution atmosphérique sur la santé. En effet, le taux de mortalité lié aux maladies cardiaques et respiratoires, ainsi qu’aux cancers du poumon y est supérieur à la moyenne nationale d’où le besoin de mesures fortes. Il a également donné un coup de projecteur sur une politique économique menée par Willian Peduto, qui fonctionne car les énergies vertes sont à même de créer trois fois plus d’emplois que le charbon. Le fantasque locataire de la Maison Blanche devrait peut être revoir sa copie et comprendre que la « green économie » peut être un pari gagnant pour les USA comme le prouve Pittsburgh.