Mis à disposition des habitants du quartier Malakoff, à Nantes, par les associations Les Ekovores et Compostri, ce dispositif a resserré les liens entre les habitants. Et si la convivialité était la clé du sursaut environnemental ?
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Il trône dans le quartier populaire de Malakoff, à Nantes. Dessiné et conçu par les membres du collectif de designers
Les Ekovores, racheté par l’association nantaise
Compostri en 2014, ce composteur à déchets n’a eu besoin que du feu vert de la mairie pour entrer en service.
Atelier pédagogique de compostage avec les enfants du quartier Malakoff (Crédit : Les Ekovores)
En semaine, du dimanche au vendredi, cette grosse boîte de deux mètres sur deux, haute de trois mètres, reste fermée à clé. Histoire d’éviter que des déchets parasitaires ne viennent perturber son fonctionnement. Mais le samedi, le composteur devient le point de rendez-vous de tout le quartier.
De façon hebdomadaire, quarante-cinq familles du quartier ont pris l’habitude de venir le nourrir de leurs déchets organiques, des résidus d’origine végétale ou animale, qui sont ensuite dégradés par des micro-organismes.
Mais ce n’est pas tout. Certains habitants ont profité de ce nouveau rituel pour passer l’après-midi ensemble. Baptisé “l’apéro des voisins”, ce moment mêlant convivialité et éco-responsabilité est entré dans les moeurs du quartier de Malakoff.
Entretien collaboratif du composteur (Crédits : Les Ekovores)
Des festivaliers éco-responsables (Crédits : Les Ekovores)
60 litres de compost par famille
Selon les Ekovores, les déchets organiques des quarante-cinq familles qui utilisent régulièrement ce dispositif permettent de produire une tonne et demie de compost par an. Soit soixante litres par famille.
Une production redistribuée gratuitement aux Nantais qui souhaitent fertiliser leur jardin ou les plantations de leur balcon. À noter que les familles ayant fourni des quantités importantes de déchets sont servies en priorité. Le dispositif permet aussi d’alimenter en compost un petit potager collectif de vingt mètres carré, auprès duquel il a été implanté.
Un compost-apéro comme un autre (Crédit : Les Ekovores)
“Rien ne se perd”
À l’origine de ce projet, le collectif
Les Ekovores oeuvre à promouvoir le développement durable à Nantes, via son site Internet mais aussi des réunions de quartier. Avec un message :
“Rien ne se perd tout se transforme”.
Victor Massip et Laurent Lebot, les deux animateurs de ce collectif, designeurs industriels de formation, expliquent : “On s’est amusés, dans les années 2010, à imaginer ce à quoi pouvaient ressembler les schémas d’économie circulaire appliqués à l’environnement urbain”.
Parmi les solutions concrètes étudiées par les Ekovores, c’est le compostage partagé qui a fait l’objet des recherches les plus abouties. Des réflexions qui, en 2014, ont débouché sur la conception et la fabrication du composteur de Malakoff. Le tout sans visée lucrative, mais dans un but pédagogique, assurent les deux membres du collectif : “On veut fournir de la matière pour imaginer une autre économie”.
Le collectif travaille désormais à la conception et à l’éventuelle commercialisation d’un composteur deuxième génération, plus petit, mobile, moins cher et moins encombrant que celui de Malakoff.
“Nous souhaitons créer un échange direct entre les consommateurs producteurs de compost et les fermes locales qui ont besoin de ce compost pour produire à nouveau du consommable.”
L’ “uritonnoir” conçu par les Victor Massip et Laurent Lebot (Crédit : Les Ekovores)
Victor Massip et Laurent Lebot sont également les inventeurs d’un objet baptisé “uritonnoir”, vendu vingt euros pièce dans les festivals. Cet entonnoir en plastique fixé sur les ballots de paille offre aux festivaliers la possibilité d’uriner directement à l’intérieur d’un ballot de paille, au sein duquel elle génère ensuite du compost. Les fermiers propriétaires de la paille n’ont alors plus qu’à venir la récupérer à la fin du festival. “Notre urine, elle aussi, vaut de l’or, affirme très sérieusement Victor Massip. Il faut lui faire emprunter une nouvelle boucle.”
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