La nouvelle proposition de la Commission européenne pour une économie circulaire exploitera le potentiel perturbateur des entreprises innovantes telles qu’Uber et Airbnb.
Le commissaire en charge de l’environnement, Karmenu Vella, a déclaré le 25 juin à EurActiv que le nouveau paquet législatif sur les déchets, l’incinération et le recyclage aura une dimension numérique et sera présenté dans les prochaines semaines.
Le premier paquet sur l’économie circulaire, proposé par la Commission Barroso, a fait l’objet d’une controverse puisqu’en décembre dernier, Frans Timmermans, commissaire responsable du « mieux légiférer », a décidé de le supprimer. Il a promis de soumettre une nouvelle version de la loi, plus ambitieuse, d’ici à la fin de l’année. Depuis, peu de détails ont été donnés sur la forme que prendra la nouvelle loi et personne ne sait si elle intègrera la problématique du caractère recyclable des produits dès la conception.
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Karmenu Vella a pris la parole à Bruxelles lors du lancement d’un rapport indiquant que toute une série de technologies innovantes et de modèles d’entreprise pourrait améliorer la productivité des ressources européenne et réduire les coûts annuels des produits alimentaires, des transports et de la construction de 0,9 milliard d’euros en 2030.
Cela permettrait de stimuler l’économie et de créer de l’emploi, a déclaré Karmenu Vella.Selon lui, l’Union européenne est déjà « à la traine » par rapport à d’autres économies, comme la Chine par exemple. Le rapport montre toutefois que plus d’efficacité des ressources pourrait avoir un effet rebond et mener à plus de demande. « Nous avons encore beaucoup de travail », a rappelé Karmenu Vella, « nous voulons soumettre une proposition plus ambitieuse justement pour rattraper le temps perdu ».
Interrogé sur l’aspect numérique du paquet, Karmenu Vella a répondu que « le paquet aura bel et bien un aspect numérique », « mais je ne peux pas en dire plus, car nous en sommes encore à l’étape de consultation […] j’espère que la proposition sera prête dans les prochaines semaines ».
Uber, Airbnb et Alibaba montrent comment des entreprises innovantes et perturbatrices peuvent créer de la croissance sans réutiliser des ressources précieuses, a-t-il affirmé. L’entreprise de taxis la plus performante au monde ne possède pas de taxis, a commenté le commissaire, et la société hôtelière la plus florissante n’a aucun bien immobilier. Après que quelqu’un a souligné qu’aucun des géants de la technologie citée n’était des entreprises européennes, Karmenu Vella a souligné qu’il fallait innover davantage pour que l’Europe soit compétitive.
Il a ajouté que des entreprises européennes de recyclage et de production dominaient le marché et étaient engagées dans l’économie circulaire, un modèle que deviendra un jour la seule économie, tout simplement. La célèbre navigatrice Ellen MacArthur fait campagne pour une économie circulaire. Elle a déclaré que de grandes entreprises européennes investissaient dans ce secteur. Croissance intérieure : une économie circulaire pour une Europe compétitive a été publié le 25 juin par la fondation Ellen MacArthur, Sun et le centre McKinsey pour les entreprises et l’environnement.
Le rapport démontre que la révolution numérique pourrait bouleverser le secteur alimentaire, du transport et du bâtiment autant qu’il a bouleversé le secteur de l’information.
- Le coût moyen par kilomètre parcouru en voiture pourrait chuter jusqu’à 75 % grâce aux systèmes de covoiturage, grâce aux voitures électriques et voitures sans conducteur.
- L’agriculture de précision pourrait améliorer l’efficacité de l’utilisation de l’eau et des fertilisants d’au moins 20-30 %, indique le rapport. Associée à une agriculture sans labour, elle pourrait faire baisser le coût de production et des machines de 75 %.
- Le processus industriel et de construction pourrait être deux fois moins cher comparé à la construction traditionnelle et les foyers pourrait réduire leur consommation d’énergie de 90 %.
La Commission européenne a annoncé sa stratégie pour un marché unique numérique en mai. Il vise à donner un meilleur accès aux consommateurs et aux entreprises à des biens numériques, à créer les conditions nécessaires pour l’innovation numérique et à maximiser le potentiel de croissance de l’économie numérique.
Le transport et l’énergie sont spécifiquement mentionnés dans la stratégie, mais pas l’agriculture.