Châssis métalliques, faux planchers, dalles de tapis recyclées, câbles électriques, faux plafonds ou encore cloisons de bureaux : tous ces matériaux ont été récupérés dans un bâtiment de bureau de 4.000 m2 situé à Genval. Et ce, dans le cadre de la profonde rénovation qu’il subit depuis six mois. D’autres matériaux issus de la filière du recyclage complètent le chantier. De quoi remettre à neuf d’ici janvier 2015 un bâtiment quelque peu obsolète.
Une démarche connue en matière de construction neuve, mais qui s’applique pour la première fois dans le cadre d’une rénovation et qui a un nom bien connu depuis une quinzaine d’années : cradle to cradle. Littéralement du berceau au berceau. L’idée est d’intégrer un concept d’éthique environnementale dont le principe est zéro pollution et 100 % recyclage.
Cette démarche d’écoconstruction a été conçue il y a 30 ans par le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte américain William McDonough. Elle a été accompagnée en Belgique par l’architecte bruxellois Steven Beckers. « Dans le modèle «cradle to cradle», la conception du produit et du processus de fabrication est définie de telle sorte que le produit peut être récupéré, désassemblé et entièrement réutilisé, explique le patron de LateralThinkin Factory. Avec cette démarche, nous allons au-delà du développement durable : nous proposons «l’eco-effectiveness», qui crée des objectifs qui vont au-delà des objectifs déjà fixés. L’idée n’est pas seulement de réduire l’impact négatif sur l’environnement mais également d’augmenter l’impact positif. »
L’Intercommunale du Brabant wallon (IBW) et le Groupe BIA Overseas, actif dans la vente et le service d’équipements de travaux publics, de terrassement, de carrières, de recyclage et de manutention industrielle, ont acheté ce site d’un hectare en copropriété. Chacun dispose de deux étages, soit 2.000 m2 par entité. L’objectif pour l’IBW est d’y installer son troisième centre d’entreprises destiné aux spin-off, start-up, TPE et PME. IBA, de son côté, souhaitait disposer d’espaces plus amples.
Rénovation à 800 euros/m2
Le bâtiment respectera les standards passifs. La rénovation est plutôt intéressante financièrement puisqu’elle aura coûté 800 euros/m2. C’est le bureau d’architecture Synergy International et le département rénovation de Thomas & Piron qui ont réalisé le projet. « Cette solution est novatrice, économique, durable et rapide, s’enthousiasme l’architecte Sébastien Cruyt, de Synergy. Tous les matériaux ont été soit récupérés et réutilisés dans le bâtiment, soit sélectionnés car ils respectaient le label «cradle to cradle». Quelques matériaux n’ont toutefois pu être réutilisés, comme la tuyauterie de chauffage. Nous avions effectué les tests nécessaires qui prouvaient sa fiabilité, mais le risque était trop grand qu’elle ne cède après quelques années. »
Ajoutons que l’architecte a décidé de ne pas isoler le bâtiment par l’extérieur, de manière à ne pas entraver son architecture et réduire la luminosité. Même si la priorité était la rénovation intérieure, deux gestes architecturaux ont néanmoins été posés, avec une structure qui lie les deux étages appartenant à chaque société.
La réflexion autour de ce projet a par ailleurs permis de développer un nouveau matériau isolant totalement novateur. L’entreprise Derbigum, implantée à Perwez, a mis en œuvre un complexe d’isolation et de pare-vapeur posé sur le côté intérieur de la façade. Il se compose d’un isolant en liège et d’un pare-vapeur végétal, le tout amenant le bâtiment à un niveau de performance du standard passif.
Enfin, notons que la reconversion du bâtiment a été évoquée dès sa conception.« Tous les aménagements que l’on effectue à l’intérieur d’un bâtiment sont réversibles, de manière à ce qu’un bâtiment de bureau soit par exemple aisément transformable en logement dans vingt ans, lance Steven Beckers. Tous les matériaux doivent également être remplaçables. C’est ça le «cradle to cradle» ! »
Source : Lesoir.be