Avec le développement inexorable des nouvelles technologies, et l’avènement du fait urbain, de nombreux architectes réfléchissent à la composition des villes de demain : entre les nouvelles formes de ponts, les piscines flottantes, les architectures invisibles, ou écologiques, voici une liste composée par le HuffPost Maghreb, de quelques uns des plus emblématiques projets architecturaux imaginés aujourd’hui et qui permettent de se faire une idée des villes de demain.
Publié sur The Huffington Post | Par Katherine Brooks
1. Ponts hypnotiques
Pourquoi concevoir des ponts ennuyeux ou des viaducs en arche lorsque l’humanité est capable de mettre sur pied de gigantesques prouesses architecturales comme celle-ci pour traverser une rivière? Ce projet impressionnant, ondulant, destiné à servir de passerelle piétonne surplombant le fleuve du Roi-dragon, en Chine, est la création de NEXT Architects. Les plans du pont prévoient trois voies individuelles tourbillonnantes, planant au-dessus des étendues pittoresques de Changsha.
L’année dernière, le projet a remporté une compétition internationale, couplé avec un nouveau parc public dans la même zone, et est en ce moment en pleine construction. « L’idée des connections entrecoupées est basée sur le principe de l’anneau de Möbius », indique Michel Schreinemachers sur le site internet de NEXT. « D’un autre côté cela fait référence à un nœud chinois provenant de l’art décoratif traditionnel chinois », ajoute John van de Water.
2. Grattes-ciels rotatifs
Cette image d’un gratte-ciel de 80 étages, imaginée par David Fisher, de Dynamic Architecture, en 2008, est un projet lointain pour les prochains ménages fortunés de Dubaï. Pourquoi? Parce que le bâtiment tourne sur lui-même.
Cette tour énorme comprendrait des étages tournant légèrement, complétant une rotation de 360 degrés toutes les 90 minutes. Plus question de se battre pour un appartement orienté vers l’est, les suites du bébé de Dynamic Architecture permettraient de contempler les quatre points cardinaux. Et ce n’est pas tout. Le bâtiment serait équipé de quatre éoliennes géantes générant de l’électricité, et les occupants pourraient garer leurs voitures dans leurs appartements grâce à un habile système d’ascenseurs.
Bien qu’on ne soit pas encore vraiment sûr que ce projet aboutira (il devait être opérationnel en 2010), c’est sans aucun doute un régal pour les yeux qui mériterait qu’on s’y attarde.
3. Parcs d’intérieur
Au mois de novembre 2013, l’institut Strelka a annoncé le lauréat d’une compétition internationale en deux étapes pour la conception du parc Zaryadye, le premier parc à être construit à Moscou depuis plus de 50 ans. Le vainqueur était Diller Scofidio + Renfro (en collaboration avec Hargreaves Associates and Citymakers), qui proposait un projet particulièrement impressionnant basé sur la théorie de l’ »urbanisme sauvage », ou le concept d’un « paysage hybride au sein duquel le naturel et la construction cohabitent pour créer un nouvel espace public.
Le parc comprendra quatre typologies de paysage — toundra, steppe, forêt et marécages, avec des micro-climats augmentés permettant au parc de faire office d’espace public lors des rudes hivers russes. Concrètement, ces environnements quasi-intérieurs profiteront de températures régulées, de vents contrôlés et d’une lumière simulée permettant d’en profiter 24h/24 et 7j/7, tout au long de l’année. Comme l’expliquent Diller Scofidio +Renfro, « le parc Zaryadye incarnera simultanément le passé et le futur. »
4. Architecture invisible
L’architecture invisible est la carte de visite du design de science-fiction, et nous sommes heureux de vous informer que les architectes d’aujourd’hui se sont penchés sur l’idée. Bien entendu, il existe l’Infinity Tower, projet en cours de construction illuminé aux LED. CNN a rapporté en 2013 que « l’illusion d’invisibilité pourra être atteinte grâce un système de façade LED high-tech utilisant une série de caméras qui projettent des images réelles sur la surface réflective du bâtiment. »
Mais il y a aussi la structure plus courte, moins tape-à-l’œil (représentée ci-dessus), pensée par la firme stpmj. basée à New-York. Cette grange en forme de parallélogramme serait faite en bois et recouverte d’une pellicule de miroirs, pour un coût de 5000$ (3700€). L’idée est de « brouiller les limites visuelles » entre l’objet et le cadre, d’après un texte explicatif envoyé par les architectes au Huffington Post cette année. L’habilité de ces derniers à pousser les limites de la définition d’invisible est proprement impressionnante.
5. Forts anti-catastrophes naturelles
Pour sa série « Dauphin Island », l’artiste Dionisio González a conçu des forts oniriques et futuristes, faits de fer et de ciment, fusionnant le rôle de l’artiste avec ceux de l’architecte, de l’ingénieur et de l’urbaniste. Ses édifices très particuliers — à la croisée des chemins entre la maison de plage, le bunker et la navette spatiale — ont été conçus en pensant aux résidents de Dauphin Island. Situé au large des côtés d’Alabama, dans le golfe du Mexique, ce minuscule bloc continental est connu pour être le théâtre d’ouragans catastrophiques et perpétuels. Lorsqu’une tempête frappe la petite île d’une population de 1200 personnes, le plus grande partie du littoral est souvent balayée, obligeant les résidents à reconstruire encore et encore.
Dionisio González a dessiné des plans hypothétiques pour ses forts, prouvant que ses structures en ciment proéminentes conviendraient mieux à la population de l’île. Pour tout renseignement, le projet est disponible sur son site internet. Cependant, ces structures ne sont pas encore conçues pour le monde réel, mais elles donnent une idée nette de ce à quoi pourraient ressembler les maisons de plage dans le futur.
6. Pull-overs pour grattes-ciels
Le Burj Khalifa de Dubaï est connu comme étant le plus haut bâtiment du monde, s’élevant à 830 mètres et 160 étages. La structure en elle-même laisse pantois, mais ce n’est rien par rapport à l’étrange projet d’un think tank de couvrir le gratte-ciel vertigineux d’un gigantesque étui en tissu réfléchissant.
Nous avons appris l’existence du projet, intitulé EXO-BURJ, en 2014. Cette couverture étrange, en forme de chaussette, recouvrirait le bâtiment dans sa totalité, de la pointe jusqu’au sol, à la façon d’un tissu « ultra-léger, réfléchissant et semi-transparent », d’après une description du think tank basé à Dubaï, OP-EN. Ce « pull-over » temporaire refléterait le paysage urbain aux alentours, transformant le Burj Khalifa en un énorme mirroir dans la veine de Christo et de Jeanne-Claude.
7. Centrales nucléaires vertes
Comment pourrait-on utiliser une centrale nucléaire immonde et obsolète dans le futur? Pourquoi ne pas offrir aux lieux une deuxième jeunesse verdoyante, qui aurait deux utilités: embellir la structure tout en profitant d’une nouvelle manière de lutter contre les émissions de CO2.
Voici comment fonctionnerait le projet: l’agence d’architecture AZPA (Alejandro Zaera-Polo Arquitectura) prévoit de transformer la centrale nucléaire de Wedel Vattenfall, en Allemagne, en un nouveau complexe industriel, construit à partir des installations déjà existantes et enveloppé d’un revêtement en tôle ondulée couvert de plantes grimpantes. Cette seconde peau placée stratégiquement permettrait non seulement d’adoucir l’aspect extérieur de la centrale, mais aussi de créer une gaine de plantes grimpantes capables d’absorber les émissions de CO2. AZPA décrit le projet, imaginé en 2013, comme « une tentative de résoudre le conflit entre l’écologie naturelle et l’environnement formé par l’homme. »
8. Tours compostables
En début d’année, le Musée d’art moderne et MoMA PS1 (à New York) ont sélectionné « les tours circulaires de briques organiques et réfléchissantes » — appelées « Hy-Fi » — de l’agence The Living en tant que lauréates de la 15e édition du programme Young Architects (YAP). La structure temporaire sera construite au moyen d’une nouvelle méthode de bio-design mettant à profit des matériaux entièrement organiques.
Comme l’a indiqué Arch Daily en février dernier, la tour proposera « l’assemblage unique de deux nouveaux matériaux: des briques conçues par Ecovative Design, constituées de tiges de blé et de structures en racines vivantes; et des briques réfléchissantes, conçues par 3M, utilisées comme des tutelles pour les briques organiques avant d’être ajoutées dans la structure. »
Bonus: selon le site du MoMA, Hy-Fi est la première structure de taille importante à atteindre un taux d’émissions carbone proche de zéro dans son processus de construction et constitue un projet 100% compostable. “Mettant à profit les dernières avancées en biotechnologie, le projet redéfinit la composante la plus basique de l’architecture — la brique — comme, à la fois, un matériau du futur et un tremplin vers des opportunités de design infinies. »
9. Intérieurs imprimés en 3D
Oubliez les décorateurs d’intérieur, le futur du design passera par les imprimantes 3D. Remercions les architectes Michael Hansmeyer et Benjamin Dillenburger pour nous avoir familiarisés avec ce concept. Ces derniers se sont fendus d’un concept à impression 3D pour rivalise avec les plus grands l’année dernière. Dans le cadre du projet « Digital Grotesque, » le duo a imprimé une chambre entière en 3D, créant un cube de 16m2 agrémenté de décorations hors du commun donnant l’impression d’appartenir à une cathédrale du futur.
« Nous cherchons à créer une architecture défiant la classification et le réductionnisme, » peut-on lire sur le site internet du groupe. « Digital Grotesque se situe entre le chaos et l’ordre, à la fois naturel et artificiel, ni étranger ni familier. Toute référence à la nature ou styles existants n’est pas intégrée dans le processus de conception, mais plutôt évoquée en tant qu’association du point de vue de l’observateur. »
10. Piscines flottantes
Difficile de ne pas aimer ce projet de design new-yorkais de Family and PlayLab, qui cherche à intégrer des systèmes de filtrage géants aux eaux obscures entre Manhattan et Brooklyn. Le projet prendrait la forme d’une piscine flottante de 50 mètres destinée à être utilisable en 2016 — si tous les projets de financement fonctionnent comme prévu. Si les piscines existent dans le futur, espérons qu’elles ressembleront à ça.
Dans un communiqué publié fin 2013, les maîtres ès piscine Archie Lee Coates IV, Dong-Ping Wong et Jeff Franklin ont annoncé avoir commencé les travaux sur Float Lab, une version expérimentale de la piscine de 50 mètres. Ils ont réuni les fonds pour une piscine plus petite (10m sur 10, pour être exact) via une campagne sur Kickstatrer. Cette version expérimentale devrait être dévoilée au grand public cet été et elle servira à tester en conditions réelles les membranes de filtrations conçues par l’équipe.
« Il ne viendrait à personne l’idée d’utiliser la rivière de manière récréative », expliquait Coates au Huffington Post lors d’une entrevue. « Donc, en tant qu’architecte, je me suis dit « Et si je pouvais changer cela, ou trouver une idée permettant de changer cela? » C’est ainsi que nous en sommes venu à proposer l’idée de [+Pool] au monde. Nous n’avions aucune idée du genre de réponse que nous allions recevoir. »
11. Des salles de concert pneumatiques
Vu de l’extérieur, on dirait un gigantesque dragibus, tandis que de l’intérieur, on se croirait dans un coquillage luminescent et coloré. En réalité, cette structure gonflable baptisée « Ark Nova » est la toute première salle de spectacle pneumatique au monde. Elle est le fruit de la collaboration entre le célèbre architecte britannique Anish Kapoor et l’architecte japonais Arata Isozaki et a initialement été conçue pour une tournée des villes et villages japonais touchés par le séisme et le tsunami de 2011. Voilà une idée novatrice qui pourrait ouvrir la porte à de nombreuses stratégies de design tout aussi novatrices dans de multiples domaines.
« C’est pour moi un honneur d’avoir reçu le mandat de créer Ark Nova pour la région de Tohoku », confie Anish Kapoor sur le site Web de Ark Nova. « Cette structure définit, grâce à sa forme et sa couleur, un espace communautaire et musical. J’espère de tout coeur que la créativité fera fi de la destruction. La musique est source de réconfort et peut unir les communautés, elle combat l’isolement. »
12. Des grattes-ciel en bois
L’idée d’un gratte-ciel construit en bois n’est certes pas aussi sensationnelle que l’édifice pivotant évoqué plus haut, mais il n’en demeure pas moins qu’un édifice de 24 étages entièrement fabriqué en bois est assez remarquable en soi, et il y a de fortes chances qu’il soit réalisé.
Ce projet est le fruit du cabinet d’architectes danois C.F. Møller, et il a remporté les honneurs lors de l’édition 2013 du concours architectural HSB Stockholm. Ce design pour le plus haut gratte-ciel du monde construit en bois est l’un des trois « grattes-ciel résidentiels ultra-modernes » prévus pour le centre-ville de Stockholm d’ici 2023. Mais attention: un seul des trois designs proposés sera construit.
13. Des parcs « éponges »
Ce n’est un secret pour personne que le Gowanus Canal, à New York, est un désastreux mélange de déchets toxiques, d’eau de ruissellement polluée et d’eau d’égout brute qui ont tous été — c’est très regrettable — rejetés directement dans les divers plans d’eau de la région. Il existe toutefois un petit projet répondant au nom de « parc éponge », dont le but est de transformer cette zone de Brooklyn en sanctuaire propre et bien filtré, créant ainsi un modèle à suivre pour l’avenir de l’urbanisme.
L’organisme Gowanus Canal Conservancy et la firme d’architectes dlandstudio ont annoncé à l’été 2013, un plan de revitalisation qui utilisera des zones tampons ainsi que des marécages de remédiation afin de ralentir, absorber et filtrer les eaux polluées de Gowanus avant qu’elles n’atteignent le canal lui-même. Ainsi, non seulement le Parc Éponge transformera-t-il 11,4 acres de terres contaminées en zone riveraine agréable, mais il offrira également une solution continue d’absorption des polluants qui continuent de contaminer ce champ de bataille industriel.
« Dans ce processus nommé phytoremédiation, des plantes spécialement sélectionnées métabolisent les polluants et les métaux lourds qui se trouvent dans les eaux contaminées », peut-on lire sur le site Web de l’American Society of Landscape Architects. « Les eaux usées provenant des systèmes d’égouts sont stockées puis relâchées doucement dans ce système paysager. »
14. Sci-Fi Skylines
En 2014, l’entreprise chinoise d’architecture MAD a dévoilé les rendus de son concept pour le Chaoyang Park Plaza, un centre urbain de grattes-ciel, d’immeubles à bureaux et de places publiques conçu pour ressembler à un horizon fait de montagnes, de vallées et de lacs comme on peut en voir dans l’art chinois traditionnel. Le complexe est en pleine construction à Beijing et, au final, la silhouette sera, à n’en point douter, digne des meilleurs romans de science-fiction.
« En métamorphosant ainsi les figures traditionnelles de l’art pictural chinois — lacs, sources, forêts, ruisseaux, vallées et rochers — en paysages urbains modernes, cet espace urbain crée un équilibre entre densité urbaine et paysages naturels », avance MAD sur son site Web. « L’aspect formel des édifices fait écho aux formes présentes dans la nature et permet ainsi de ramener la nature dans l’espace urbain. »
Heureusement pour Beijing, la construction de cette silhouette urbaine novatrice bat déjà son plein.
Source : Lumieresdelaville